Quelques mesures significatives pour limiter individuellement sa pollution
Préambule
En juin 2019, Carbone 4 a publié "Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l'Etat face à l'urgence climatique". D'après ce document, un mode de vie "sobre" à l'échelle individuelle dans le même système socio-technique peut avoir un impact significatif sur la réduction de la pollution. Cependant il y est reconnu que l'action individuelle seule n'est pas suffisante et qu'il faudrait donc un changement collectif.
À ce propos, on peut reprendre une partie de la couverture
d'un ouvrage de Frédéric Lordon :
Pendant qu'on en appelle à l'éthique
et qu'on se figure que la vertu va sauver le monde,
au moins on ne parle pas d'autre chose.
L'incrimination des individus
[et des collectifs de production pris séparément]
de petite vertu
fait agréablement diversion
et laisse inquestionnées les structures […],
celles-là mêmes qui sont cause de tout.
Comme toujours lorsqu'il s'agit de
s'attaquer aux lieux communs du moment
et de résister à leur pouvoir d'attraction,
défaire la thèse du « péché » pour
faire voir le travail des structures
nécessite de prendre le temps d'un détour.
("Et la vertu sauvera le monde…",
en 2003, chez Raisons d'agir).
On peut aussi en profiter pour signaler
qu'il a produit un article sur le même thème
mais en l'appliquant cette fois à la question écologique :
"Appels sans suite : le climat"
(publié le 12 octobre 2018
sur son blog "La pompe à phynance"
hébergé par le journal "Le Monde diplomatique").
Une fois ceci posé, cela ne doit pas pour autant décourager toute action à l'échelle individuelle, à condition de ne pas promouvoir cela comme suffisant. Certes ce sera insuffisant, mais c'est mieux que rien, et rien n'empêche en parallèle d'agir pour un changement collectif. De plus, une action individuelle peut faire jaillir une discussion et contribuer les autres à s'interroger. On peut également s'en servir pour se questionner sur comment il pourrait être possible d'étendre cela au plus grand nombre. Si l'on est pessimiste sur le fait d'y arriver collectivement volontairement, et qu'on pense donc qu'il se pourrait bien qu'on soit forcé d'en arriver là par impossibilité matérielle de faire autrement, ça peut être un moyen de se préparer, même si ça ne doit pas pour autant décourager de tenter l'approche collective et ainsi à minima augmenter l'acceptabilité sociale (donc réduire l'ampleur du désordre potentiel) quand ça arrivera (si ça arrive effectivement).
Que faire individuellement qui soit significatif ?
Quelques pistes par Carbone 4
En page 8 du rapport de Carbone 4 précédemment cité, une liste non exhaustive de mesures est indiquée. Elles sont grosso-modo les suivantes :
- Avoir un régime alimentaire végétarien, c'est-à-dire ne consommer ni viande ni poisson
- Se déplacer sans moteur pour les trajets courts
- Pour les trajets moyens et longs, utiliser les transports collectifs et faire du covoiturage sur les trajets restants
- Ne plus prendre l'avion (si on avait déjà pu se le permettre)
- Acheter peu ou pas de vêtements neufs, au moins 3 fois moins que la moyenne
- Ne manger que "local"
- Baisser la température faite par le chauffage d'au moins 20% en s'habituant à une moindre chaleur et en utilisant des vêtements appropriés
- Obtenir de l'électro-ménager et de la "haute technologie" uniquement d'occasion et en limiter l'usage
- Zéro emballage à usage limité
- S'éclairer avec des LEDs et s'activer plutôt quand il fait jour que quand il fait nuit (à potentiellement quelques exceptions près)
L'ensemble de ces pratiques permettrait une réduction de l'ordre de 25% par rapport à la moyenne. À lui seul, le régime alimentaire végétarien serait de l'ordre de 10%. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas suffisant. En effet, il faudrait non pas réduire d'un quart (25%), mais il conviendrait de diviser par 4 (soit 75% de réduction).
Quelques pistes par Jean-Marc Jancovici
Jean-Marc Jancovici est un scientifique qui a produit des livres et des articles sur notamment ce qui est lié au changement climatique. Par ailleurs, Jean-Marc Jancovici a co-créé Carbone 4. Il a fait un article qui est nommé "Effectuer sa « BA » pour agir contre le changement climatique : quelques ordres de grandeur". Il l'a publié sur son site web en 2000 et mis à jour en 2012. On y retrouve une liste de mesures que l'on énonce ci-après légèrement modifiée :
- Éviter de regarder les incitations à la consommation
- Limiter le chauffage et isoler thermiquement sa maison si on consomme toujours du chauffage
- Utiliser le moins possible la climatisation
- Vivre dans un logement "petit" (comme en appartement plutôt qu'en maison) et/ou en co-location
- Privilégier les transports en commun et les modes de déplacements légers (comme la marche à pied et le vélo)
- Utiliser une petite voiture ou aucune
- Ne pas prendre l'avion
- Avoir un régime alimentaire de type végétarien ou au moins avec très de peu de viande et de poisson en privilégiant le cochon au boeuf et la volaille au cochon
- Privilégier l'achat de produits réalisés avec un haut standard environnemental
- Acheter le moins possible de produits manufacturés
- Privilégier les objets simples et réparables
- Consommer local
- Limiter les emballages à usage limité (en particulier ceux à usage unique)
- Manger des produits de saison
- Boire l'eau du robinet
- Ne pas avoir d'animal de compagnie
Quelques autres pistes
- Ne pas faire d'enfant
- Vivre sans congélateur et sans réfrigérateur
- S'informer avec du papier plutôt qu'avec de l'informatique
- Usage mutualisé des contenus via par exemple les médiathèques
- Écouter de l'audio plutôt que regarder des vidéos (car la différence de légèreté de l'information est significative et que l'est aussi la différence de consommation d'énergie à la consultation)
- Lire plutôt qu'écouter de l'audio (car l'un est bien moins consommateur que l'autre, y compris sur informatique, et que la lecture peut être faite sans énergie non-biologique une fois le support produit, qui est d'ailleurs techniquement plus simple)
- Ne pas regarder la télévision ou très peu
- Bannir "l'information en continu" (que l'on pourrait aussi nommée "la non-pensée en continu")
- Faire réparer au lieu d'acheter neuf
- Changer de gagne-pain en faveur d'un plus sobre
- Ne récupérer ses courriels pas plus d'une fois par jour
- Ne pas utiliser de messagerie instantanée
- Ne pas utiliser de téléphone ou se limiter à un qui soit basique
- Privilégier la discussion de vive voix (dans un bar, un parc, un événement physique, un local associatif ou syndical, etc.) à celle par électronique
- Utiliser autant que possible des systèmes informatiques légers pour ceux encore utilisés s'il y en a
- Profiter et observer le monde qui vous entoure plutôt qu'éprouver par procuration
- Demander aux personnes physiquement autour plutôt qu'à un ordinateur
- Produire sa propre nourriture avec peu de ressources matérielles
- Limiter en nombre et en durée les douches et les bains
- Utiliser des toilettes sèches