Les monnaies locales, une arme redoutable ?
Le 5 mai 2020,
le groupe toulousain du mouvement-organisation Alternatiba
a communiqué par écrit ce qui suit :
Comment notre porte monnaie
peut être une arme redoutable :
Utiliser une monnaie alternative permet de
relancer notre économie à l'échelle locale
et cet article explique précisément pourquoi et comment.
.
Il l'a fait sur au moins les plateformes informatiques
Twitter et
Mastodon
accessibles à travers le réseau Internet.
Quel était l'article en question ?
Il s'agissait de
"Pour relancer l'économie, choisissons les monnaies locales",
par Simon-Pierre Sengayrac sur Reporterre
et daté du 28 avril 2020.
Nous proposons ci-après une critique rapide.
Pour déjeuner le midi,
avec seulement de la monnaie locale en poche,
on ira consommer dans la brasserie du coin
plutôt que dans une chaîne de restauration rapide.
Mais qui accepterait une telle limitation,
si ce n'est les personnes déjà convaincues
qui auraient de toute façon été
au truc bio / local / what-ever ?
De plus, il a été démontré que
la vitesse de circulation de ces monnaies était
sept fois supérieure à celle de la monnaie nationale.
On s'en fiche !
Est-ce que ça n'a pas simplement déplacé
certains flux d'une monnaie à une autre ?
Ce qui serait intéressant
c'est qu'il y ait au moins une coïncidence
(mais il faudrait alors trouver la ou les causalités)
d'augmentation de la circulation avec une même somme,
par les mêmes profils et le même type de consommation.
L'utilité de ces monnaies me semble au contraire de contraindre les commerçant·e·s. La manière de procéder pour les militant·e·s serait la suivante : boycott autant que possible si non-acceptation de la monnaie locale. Le resultat attendu serait qu'illes auraient l'obligation d'en faire usage ou de se prendre la taxe pour le passage à la monnaie nationalement acceptée, à moins d'en venir à jeter l'argent, mais cette dernière option ne serait vraisemblablement pas prise bien longtemps. La consommation est là cruciale, mais pour influer sur les commerçant·e·s, et pas à travers un "miracle" au cours duquel les consommateurs et consommatrices s'auto-brideraient contre leur gré.
Mais celles et ceux qui auront le plus d'impact sur les commerçant·e·s sont celleux qui consommeront le plus (donc en moyenne pollueront plus) et qui en ont les moyens (généralement à travers des boulots bien plus polluants que les bas revenus, quand on regarde pas strictement ce qu'illes font mais aussi tout ce que ça nécessite en ressources). C'est joli, ça peut avoir un petit effet, mais c'est très loin de l'arme redoutable. À moins qu'elle soit obligatoire, mais alors ce serait tout de suite moins sexy et l'acceptabilité politique serait tout autre, vraisemblablement bien moindre et avec une opposition très puissante.