Le modèle écologiquement insoutenable de l'accusation des grandes entreprises
En mars 2021, Oxfam France publie "Entreprises du CAC40 : un modèle insoutenable pour la planète". La directrice générale de l'organisation est alors Cécile Duflot, qui est passé par le parti EELV (Europe Écologie Les Verts) et a été ministre (de 2012 à 2014) sous la présidence (de droite) de François Hollande (alors membre du "Parti Socialiste"). On pourrait trouver ça sans la moindre importance et même totalement hors-sujet, mais cela nous semble annoncer la couleur de ce que l'on peut en attendre, autant de la personne que l'organisation qui en fait sa directrice.
Revenons maintenant au rapport d'Oxfam France. Avec son titre, le sujet est clair, c'est l'écologie. Et, à ce propos, ce qui est dénoncé est limpide : les grandes entreprises françaises sont insoutenables. Chez une fraction de la gauche, ça fait bien de taper sur elles. Pourtant, sur l'aspect écologique, produire la même chose et dans les mêmes quantités avec une multitude de petits acteurs serait tout aussi écologiquement nuisible. Mais reconnaissons que c'est bien pratique pour ne pas remettre en cause la consommation (autant quantitativement que qualitativement), alors qu'il le faudrait. Si on veut se focaliser sur les mastodontes du point de vue environnemental, c'est la puissance de lobbyisme qui est le problème spécifique.
Le modèle économique et ses conséquences n'en sont nullement des éléments propres. Ce sont des aspects plus généraux et phénoménologiques d'un agent historique abstrait : le Capital (ou à minima des formes qu'il a jusqu'à maintenant revêtu), qu'il faut saisir autant comme une logique sociale, le capitalisme, que comme un groupe d'intérêt, la bourgeoisie. Mais cela fait bien plus politique, anti-capitalisme, extrême-gauche, communiste. Ni Oxfam France ni Cécile Duflot ne sont prêts à s'y rendre, et une partie des gens se revendiquant écologistes de même. Pourtant il le faudrait, les grandes entreprises ne sont pas le problème, elles n'en sont qu'un symptôme ; et des habitudes et normalités que Capital a fait advenir devront être abandonnées, des plis individuels devront être défaits, le problème n'est pas non plus exclusivement une force sociale impersonnelle.
Idées de lectures complémentaires
- Appels sans suite : le climat (par Frédéric Lordon, le 12 octobre 2018, sur son blog "La pompe à phynance" hébergé par "Le Monde diplomatique")
- Repeindre le capitalisme en vert (par Aurélien Bernier, en 2016, page 36 et 37 du manuel d'économie critique du Monde diplomatique)
- Détruire le capitalisme avant qu'il ne nous détruise (par Frédéric Lordon, le 7 octobre 2019, sur son blog "La pompe à phynance" hébergé par "Le Monde diplomatique")
- L'urgence écologique : sortir du capitalisme (Alternative Libertaire devenue Union Communiste Libertaire, 7 octobre 2015)
- Orientations (par Frédéric Lordon, le 7 avril 2020, sur son blog "La pompe à phynance" hébergé par "Le Monde diplomatique" et dans le livre "Figures du communisme")