Contre le passe dit sanitaire, mais alors quoi d'efficace contre la pandémie ?
Le président Emmanuel Macron a annoncé que la France allait instauré un passe dit sanitaire. Celui-ci vise à lutter contre le SARS-CoV-2 et ses variants, responsables de la maladie à coronavirus 2019, dite Covid-19. Mais certaines personnes s'opposent au passe, qui n'est évidemment pas juste pour faire beau. En effet, il est de fait quasi-obligatoire, puisque sans plein de choses deviennent inaccessibles, et on peut même perdre son salaire pour certaines professions. Du coup, en plein été, des manifestations sont apparus avec comme mot d'ordre principal qu'il soit abrogé.
Mais cette mesure vise à pousser à la vaccination, qui est un des moyens d'avoir le fameux passe et devrait être à terme le seul moyen gratuit (hormis pour quelques cas spécifiques). Et la vaccination contre le SARS-CoV-2 et ses variants est particulièrement efficace, autant pour réduire les dégâts chez les vacciné·e·s que pour celleux-ci le transmettent moins s'illes venaient à être contaminé·e·s. Certes, elle l'est moins avec certains variants, dont Delta, mais son efficacité reste tout à fait significative.
Du coup, s'opposer au passe dit sanitaire n'est-ce pas une mauvaise décision pour la santé et à terme vaincre la pandémie ? Nous proposons ci-après très rapidement quelques arguments.
Ne pas oublier d'aller au-delà des symptômes : la causalité pandémique
Il faudrait commencer par s'attaquer à la cause la plus probable des pandémies, le débordement zoonotique, c'est-à-dire le passage d'une maladie d'une espèce d'animale non-humain à l'humain. Il faudrait donc s'engager concrètement contre la déforestation, l'élevage intensif, le changement climatique, la nécessité de la viande de brousse pour certaines personnes, la vente d'animaux sauvages comme mets de luxe, etc. Dans le cas contraire, les symptômes (qui ne sont pas juste pandémiques) se poseront vraisemblablement de plus en plus souvent.
La défiance contre l'immunité collective et le mirage du tout-vaccin
- Pour le moment (en ce début aout 2021 en France), les personnes anti-vaccins et les personnes méfiantes vis-à-vis des vaccins anti-covid (car fait rapidement et/ou avec ARN-messager) étaient loin d'être (et le sont encore) le facteur bloquant pour plus de vaccination.
- La quasi-obligation vaccinale augmente la défiance. Il faut comprendre la défiance (changement régulier de discours pendant la pandémie, crédit déjà affaibli des autorités dominantes avant le début de la pandémie, etc.) et non la condamner.
- La vaccination n'est de toute façon pas miraculeuse : réduction forte des formes graves et de la transmission mais pas annihilation.
Comment faire sanitairement ?
S'en prendre à la propriété privée
- Partager comment sont conçus les vaccins, pour en réduire le coût et la défiance.
- Partager les doses des vaccins à travers le monde, car sinon le virus continuera de muter ailleurs et revenir dans les pays fortement vaccinés, et parfois en devenant plus résistant à la vaccination faite.
- Socialiser l'industrie pharmaceutique, pour éliminer la base matérielle de l'hypothèse du complot Big Pharma.
Limiter la propagation
- Aérer en intérieur, voire installer des systèmes de filtrage.
- Utiliser des masques, en intérieur notamment.
- Ne pas être trop nombreux/nombreuses en intérieur.
- Réduire les déplacements (autant en nombre qu'en distance) : interdiction des vols intérieurs, limitation des déplacements contraints (pour le boulot notamment), consommation plus locale (donc moins de déplacements commerciaux et de marchandises), moindre consommation (donc moins de transporteurs et transporteuses), etc.
- etc.
C'est bien, mais c'est complémentaire à la vaccination. Rappelons d'ailleurs qu'on peut tout à fait être anti-passe (car allant contre l'immunité collective qui nécessite la vaccination du plus grand nombre et non de braquer les gens et donc de rendre bien plus dur ou impossible d'avoir les derniers pourcents de vacciné·e·s nécessaires, car ça instaure une société de contrôle, etc.) et en même temps être pour la vaccination, y compris pour les vaccins contre ce coronavirus et ses variants, malgré les profits juteux que ça permet (alors que beaucoup d'argent publique a été investi) et malgré les nationalismes vaccinaux (alors que la pandémie ne sera résolu que mondialement, car des variants potentiellement plus résistants à la vaccination pourraient émerger plus facilement dans des pays peu vaccinés et arriver ensuite dans des pays qui le sont beaucoup, ce qui fait que l'impératif moral de l'accès mondial aux vaccins est aussi un impératif pratique).
Lectures tierces en rapport avec le sujet
- Les brevets, obstacle aux vaccins pour tous (par Frédéric Pierru & Frédérick Stambach & Julien Vernaudon, en mars 2021, pour le journal Le Monde diplomatique)
- Face à la quatrième vague, lutter contre l'autoritarisme du gouvernement et pour une véritable stratégie sanitaire ! (par Mahdi Adi, le 9 aout 2021, pour le parti Révolution Permanente)
- Vaccination. Avec le début des campagnes de troisième dose, la levée des brevets plus urgente que jamais (par Marc Bleuenn, le 20 aout 2021, pour le parti Révolution Permanente)
- Industrie pharmaceutique : comment on peut la socialiser (par Grégoire d'Orléans, le 14 mai 2020, pour le journal Alternative Libertaire / l'Union Communiste Libertaire)
- Le communisme libertaire aurait-il mieux affronté l'épidémie ? (par Guillaume & Irène & Simon, le 23 septembre 2020, pour le journal Alternative Libertaire / l'Union Communiste Libertaire)
- Contre les pandémies, l'écologie (par Sonia Shah, en mars 2020, pour le journal Le Monde diplomatique)
- La chauve-souris et le capital – Stratégie pour l'urgence chronique (par Andreas Malm, aux éditions La Fabrique, en 2020)