L'appellation steak végétal : un orage pour pas grand chose

Le gouvernement français compte faire interdire l'appellation steak végétal pour les simili-carnés, c'est-à-dire les ersatz de viande. Il ne le fait pas officiellement au nom des intérêts de l'industrie espéciste de l'exploitation et la mise à mort des animaux non-humains, mais sous le plus présentable prétexte de la transparence. Le steak, c'est du cadavre, et un point c'est tout ! La population est conne, le qualificatif végétal et des emballages souvent bien différents ne suffisent évidemment pas pour ne pas se tromper, sans compter que les ersatz sont généralement rangés ensemble, il faudrait donc interdire l'appellation steak végétal.

Voila pour l'explication officielle. Qui ne tient pas. Pas besoin de remettre en cause le présupposé sur la population, pas bien intelligente évidemment. En effet, comme la dernière fois (décret n°2022-947 du 29 juin 2022), il y aura fort probablement la clause : Les dispositions du présent décret s'appliquent aux denrées alimentaires, fabriquées sur le territoire national, contenant des protéines végétales. Pour contourner la restriction, il suffira donc de produire ailleurs qu'en France puis d'importer, soit du protectionnisme inversé. Mais admettons qu'il n'y ait pas ce genre de clause absurde, est-ce que ce serait grave ?

Si on part du principe que la population est plutôt idiote, ça le sera bien sûr. Au lieu de steak végétal, elle verra galette végétale et autres appellations du genre. Puisqu'elle voulait du steak, elle n'achètera plus. Au lieu d'acheter des produits qui n'impliquent pas d'exploiter et tuer des animaux non-humains et qui ont souvent une plus faible empreinte écologique que le steak d'abattoir, elle achètera de la mort. Dans cette hypothèse, ce sera moins bien, pour les animaux non-humains évidemment, mais aussi pour nous humains, puisque nous altérerons plus l'environnement en notre défaveur (émission de gaz à effet de serre, déforestation, consommation d'eau plus importante, problème des excréments à gogo, mais aussi des anti-biotiques, etc.).

Admettons maintenant à l'inverse que la population fait la différence. En ce cas, la mention végétal ou similaire, l'emballage souvent différent et/ou la disposition dans le rayon, ça suffit à ce qu'elle ne se trompe pas entre le cadavre et ses ersatz. Si elle n'a plus de steak végétal mais plutôt de la galette végétale ou autre appellation du même genre, la population suffisamment intelligente devrait à priori continuer d'acheter les mêmes produits et dans les mêmes proportions, elle ne devrait pas être influencée par un changement d'appellation, ou assez minimalement.

Malgré cela, beaucoup de gens se réclamant en faveur des animaux non-humains se sont offusqués de la volonté du gouvernement. Quel est à l'intérêt d'occuper les esprits avec ça ? Serait t'il de se mettre en scène pour s'attirer des signes d'importance sociale (j'aime, repartage, etc.) sur des ordinato-plateformes (comme les sinistres Facebook et Twitter) ? Si oui, sont-ils la finalité (consciente ou non) ou un moyen pour par après d'obtenir des dons ? Alternativement, ces gens qui se réclament en faveur des intérêts des animaux non-humains tiennent t'ils à sauver la culture de la viande qui est pourtant un obstacle au véganisme qu'ils devraient logiquement prôner ?

Enfin, faisons remarquer que ces gens prétendument en faveur des animaux non-humains semblent à priori majoritairement affirmer que les gens ne sont pas stupides et savent donc faire la différence qu'il y ait ou non le mot steak, ce qui devrait alors couper l'herbe sous le pied à l'importance accordée à cette action gouvernementale. Mais ce qui est affirmé d'un côté semble en fait récusé de l'autre. En effet, bien de ces gens mettent là avant tout en avant l'intérêt écologique et non l'intérêt des animaux non-humains. Les gens seraient t'ils trop cons pour comprendre qu'infliger en l'absence de nécessité de la violence envers des êtres ressentant la douleur et aspirant à continuer de vivre (comme les lapins, les volailles, les cochons, les bovins, les poissons, les poulpes, etc.) est immoral et qu'ils ne devraient donc pas y contribuer ? Ou plus simplement : les gens sont-ils trop stupides pour comprendre et adhérer au message véganiste ? Le fait de mettre en avant prioritairement l'aspect environnemental du steak végétal (qui est pourtant inférieur aux légumineuses brutes ou peu transformées, par ailleurs moins chères), probablement pour faire bon genre donc pas extrémiste, semble indiquer que les gens adoptant cette priorisation considèrent le public comme trop stupide, ou les cas échéant qu'être en faveur des animaux non-humains serait étrangement compatible avec le fait de ne pas adopter une façon de vivre qui cherche à exclure, autant que faire se peut, toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller, ou pour tout autre but (c'est la définition classique du véganisme).