Comment partager votre travail numérique ?
Bien souvent, on crée des fichiers numériques
(texte, image, son, vidéo, etc.).
Parfois, on peut juger utile que d'autres personnes en profitent.
Je vois souvent des gens dire "Partagez !", donner le(s) fichier(s) et c'est tout.
Malheureusement, certains aspects sont souvent négligés :
La partie jurdique
Partager une création, c'est vague, beaucoup trop vague. Doit on citer les auteurs de la création ? Peut on partager au sein d'une création commerciale ? A t'on le droit de modifier et ensuite partager la création modifiée ? Si c'est le cas, la création modifiée doit elle être partagable avec les mêmes conditions (copyleft) ?
Vous pouvez clarifier ces différentes questions en quelques lignes. Néanmoins, votre paragraphe sur l'utilisation de votre création aura probablement peu de valeur juridique. C'est pourquoi des licences ont été créées.
Les licences les plus connus pour le partage sont les Creative Commons, qui vous permettent de choisir un certain nombre de critères. Si vous êtes méfiant sur la validité des licences Creative Commons, sachez qu'elles sont utilisées par Wikipédia. Pour le code source d'un logiciel, il existe des licences spécifiques, comme indiqué sur Wikipédia et le site de la FSF. Il ne faut pas oublier de préciser la version ou les versions des licences auxquelles vous soumettez vos travaux.
Le(s) format(s) utilisé(s)
Le partage ne se fera bien entendu que si votre création est intéressante. Encore faut-il que les potentiels partageurs puissent au moins ouvrir le(s) fichier(s) d'une manière simple et gratuite. Pour cela, il faut :
- Utiliser des formats ouverts/libres (formats dont le fonctionnement technique est publique et sans restriction d'accès ni de mise en œuvre) (ils permettent l'interopérabilité)
- Faire attention de ne pas mettre un format fermé ou breveté dans un format ouvert
- Que ces formats soient lisibles et de préférence modifiables avec des logiciels gratuits de préférence libres
- Que ces logiciels soient compatibles avec des systèmes d'exploitation gratuits de préférence libres (comme Trisquel ou Debian)
Exemples
- Les polices Times New Roman, Arial et Courier New sont propriétaires. Pour les remplacer, vous pouvez utiliser des polices Liberation, respectivement : Liberation Serif, Liberation Sans et Liberation Mono.
- Le format doc est propriétaire et le docx est problématique. Pour des documents modifiables, l'ODT (supporté par LibreOffice, Calligra, Abiword et d'autres) et le LaTex font très bien l'affaire. Pour des documents non modifiables, le PDF est un excellent choix (car très bien supporté).
- Les formats audio MP3 et AAC posent des problèmes de brevets. Ce n'est pas le cas du Vorbis, qui est massivement supporté et techniquement supérieur au MP3. Pour un format de compression sans perte, le FLAC est une bonne solution.
- Les formats vidéo H264 et H265 utilisent beaucoup de brevets. Les formats VP8 et Theora sont moins performants, mais ils sont ouverts. Les formats conteneurs vidéo Matroska (mkv) et Ogg (ogv) sont libres, contrairement au MP4.
- Les formats d'archivage RAR et ACE sont fermés. Il existe un tas de formats libres équivalents, tels que : tar, zip et 7z. Le format tar n'inclut pas de compression, mais il est très souvent utilisé avec un format de compression, comme gzip, bzip2 ou xz.
La manière dont vous partagez
Pouvoir lire vos créations, c'est bien. Mais, cela ne vas pas dire que votre création est partagable.
Une manière simple de partager est de donner un lien web.
Néanmoins, partager un lien web ne permet pas de partager votre création,
mais uniquement un lieu où y accéder.
Hors, le lieu de partage peut être inaccessible
(pas de connexion Internet, problème technique du lieu, etc.).
Pour ne rien arranger,
certaines technologies compliquent
(on ne peut pas réellement empêcher)
le téléchargement direct (c'est-à-dire pas d'une manière camouflée).
De plus, certains lieux de partage ne sont pas neutres
(censure,
surveillance,
propriété d'une organisation pratiquant de l'optimisation la destruction fiscale,
respect de la loi,
logiciel privateur
etc.).
Il est donc préférable de proposer une manière simple de télécharger la création d'une manière. Les lieux de partage doivent être multiples. Partager sans intermédiaire autre que les partageurs est l'idéal. Par exemple, le protocole BitTorrent avec un lien magnet est très bien pour cela et facile à mettre en oeuvre.
Exemples
- MegaUpload était un site web de partage de fichiers, très connu et massivement utilisé. Il fut néanmoins subitement fermé, sans que les utilisateurs et utilisatrices ne puissent récupérer leurs données ! Beaucoup de personnes ne proposaient que MegaUpload pour télécharger leurs créations, la fermeture inattendue fut un désastre pour eux.
- Adobe Flash Player est une technologie permettant la diffusion de sons et vidéos. Malheureusement, cette technologie a plusieurs défauts, dont : elle est propriétaire, elle ne fonctionne pas partout (Android, Firefox OS, etc.), elle n'est pas mise à jour partout (GNU/Linux, etc.), elle est lente et surtout elle complique le téléchargement direct d'un contenu. Il en est de même pour Microsoft Silverlight. La balise video de HTML5 permet de diffuser une vidéo en clair sur tous les navigateurs web, à condition d'utiliser un format libre et sans DRM.
- Des plateformes centralisés (telles que Facebook et YouTube) traquent tous leurs visiteurs et/ou requièrent une inscription. De plus, ces plateformes peuvent vous censurer sans intervention d'un juge même si le contenu n'est pas manifestement illicite (devenant ainsi des polices privées). Par exemple, YouTube est expert dans ce domaine et fait beaucoup d'excès longs et embêtants à rectifier. Certaines personnes refusent d'aller sur ces sites pour ne pas encourager et légitimer ces pratiques.
En savoir plus
- Pourquoi les logiciels ne doivent pas avoir de propriétaire (par Richard Stallman sur le site web du projet GNU)
- 5 raisons pour lesquelles les artistes devraient utiliser les Creative Commons (par Neil Jomunsi sur le site web Page 42)
- La réunion des droits d'auteuroliques anonymes (par Pouhiou à Capitole Du Libre 2014)
- REUSE software par la FSFE