Décroissance et croissance économique
Sur la question de la décroissance, il ne faut pas confondre richesse et valeur économique. La richesse c'est les biens et services en tant que valeur d'usage. La valeur économique c'est le PIB (Produit Intérieur Brut), etc. On peut produire beaucoup moins de richesses qui générent plus de valeur économique, parce qu'en terme de travail vivant, qui est la source de la valeur économique, ces richesses vont en inclure beaucoup plus.
La façon capitaliste de produire c'est d'éliminer le travail vivant et donc de multiplier le travail mort. Le travail mort c'est tout l'outil, c'est-à-dire le travail passé coagulé dans des machines. Quand Karl Marx (1818-1883) dit que le mort s'empart du vif, cela veut dire que l'on a un mode de croissance dans lequel le travail vivant se réduit au bénéfice du travail mort. L'empreinte écologique de l'affaire est énorme. Cela suppose une multiplication des marchandises, comme le taux de profit diminue puisque le travail diminue, il faut multiplier la marchandise pour qu'au moins en masse la plus-value soit suffisante. Il y a donc une folie productiviste du capitalisme qui est liée à son fonctionnement même.
À partir du moment où on va marcher sur les pieds et non plus sur la tête, parce que ce seront les travailleurs qui seront les propriétaires d'usage de l'outil, on va faire des pommes. Une pomme a une valeur nutritive de 30 pseudo-pommes. Au lieu de produire 30 pommes, on va en produire une. Donc on va effectivement décroitre en terme de quantité de marchandises, mais on aura cru en valeur économique parce qu'il faut plus de travail vivant pour faire une pomme que pour en faire 30 fausses. Il peut y avoir croissance en terme de valeur économique avec une réduction du nombre de marchandises produites.
Enfin manger des vrais pommes, c'est tout de même pas mal. On produirait de quoi nourrir 12 milliards d'humains, et il y a pourtant 1 milliard d'humains qui ont faim, pourtant on ait pas plus de 8 milliards. Il vaut donc mieux moins de pommes, mieux répartis et mieux produites. On n'a pas besoin d'information en continu, cela ne sert à rien, c'est un piège absolu. On n'a pas besoin d'obsolescence programmée. On n'a pas besoin de flics pour faire la chasse aux migrant·e·s dans la vallé de la Roya. Il y a des tas de choses dont on a absolument pas besoin. On a une dépense invraisemblable de choses dangereuses, inutiles, anti-démocratiques, bien sûr qu'il faut s'en débarrasser.
Sur l'exemple des pommes : ne pas se méprendre
On espère que ce paragraphe sera jugé superflu. Toutefois on l'a produit pour enlever tout éventuel doute et mauvaise compréhension. Le facteur 1 pour 30 pour les pommes était à priori pour l'exemple, et pour qu'il passe bien le trait a probablement été forcé. Il faut donc le prendre comme une illustration et pas comme une donnée agronomique.