Légitimité du prêt et de l'intérêt pour l'investissement

Les prêteurs n'existent que parce qu'il y a eu prédation. Qu'est-ce que c'est qu'investir ? C'est 2 choses, il y a 2 situations. Soit nous affectons une partie de ce que nous produisons à des biens de production, et une partie seulement car nous ne produisons pas 100% des biens de consommation. En effet, il faut pouvoir encore produire demain, pour qu'à l'époque T+1 une production soit possible, donc nous produisons une partie seulement de la valeur économique pour des biens de consommation finale et l'autre partie pour des biens de production.

L'investissement au sens de la reproduction de l'outil de travail, c'est toujours une part de ce que nous sommes en train de produire. Nous produisons 2000 milliards d'euros par an en France au début du 21ème siècle, c'est le PIB (Produit Intérieur Brut). Parmi ces 2000 milliards, nous affectons 400 milliards à l'investissement, ce qui correspond à 20%. 400 milliards dont la valeur est en train d'être produite. C'est une partie de ce que nous sommes en train de produire que nous affectons à l'investissement. Il n'y a aucune raison qu'il faille prêter de l'argent pour financer cela, puisque c'est une partie de la valeur que nous produisons qui est en train d'être affecté à des biens d'investissement. Il n'y a aucune raison de financer cela par un crédit.

En 2014, nous produisons les 400 milliards d'investissement de 2014. S'il y a crédit pour financer ces 400 milliards, c'est pour une raison extrêmement simple. C'est parce que sur les 2000 milliards que nous produisons, 700 milliards vont aux propriétaires de l'outil de travail, un chiffre considérable qu'on sous-estime tout le temps. 35% de la production va aux propriétaires de l'outil de travail, les propriétaires directes, les actionnaires, et surtout de plus en plus les prêteurs, puisque la centralisation financière du Capital à l'échelle du globe terrestre fait que le profit qui est généré par le travail subordonné au Capital sur toute la planète se concentre dans des porte-feuilles financiers les plus liquides possibles et les plus éloignés possibles de l'engluement dans l'appareil productif pour qu'ils puissent s'en détacher en permanence pour aller au plus rentable en permanence et c'est donc aux prêteurs pour l'essentiel que va le profit. Ces prêteurs n'existent pour financer l'investissement que parce qu'ils viennent de piquer 700 milliards. S'il faut que nous empruntions 400 milliards pour financer l'investissement, c'est parce que 700 milliards viennent de nous être piqués. Le mécanisme est extrêmement simple et c'est pour cela qu'il faut qu'il soit inversé par de la croyance. La croyance c'est l'inversion du réel. De même que le producteur de valeur se trouve demandeur d'emploi, et bien là le producteur se trouve emprunteur de la valeur qu'il vient de produire. Ce qu'on appelle les marchés, c'est une divinité, dont le fonctionnement est très simple à comprendre : je te pique, je te prête, tu me rembourses. Je te pique 700, je te prête 400, tu me rembourses si possible plutôt 500.

Venons maintenant à la deuxième occasion de financement de l'investissement. Le premier c'est d'affecter une partie de ce que nous produisons à la reproduction de l'outil de travail. Mais financer l'investissement, c'est aussi financer ce que l'on appelle l'investissement net, c'est-a-dire anticiper la valeur supplémentaire qui sera créée en T+1 par une création monétaire qui finance un investissement dont on attend qu'il produise la valeur correspondante à cette création monétaire, qui fait que la monnaie n'est pas inflationniste puisqu'en face de la monnaie il y a la valeur supplémentaire qui sera créée par le travail que rendra possible cet investissement net. Vous avez l'investissement qui simplement reproduit l'outil de travail et puis vous avez l'investissement net, qui est un pari, ou plutôt qui se finance non pas sur une production déjà là mais qui se finance sur une création monétaire qui parie un supplément de production de valeur grâce au travail qui pourra être fourni sur cet investissement.

Là encore, il n'y a aucune raison que cette création monétaire se fasse par crédit. Vous savez qu'actuellement elle se fait par crédit. Chaque fois qu'une banque prête à un investisseur, il y a création monétaire, et cet investisseur doit ensuite rembourser la banque. Pourquoi cela est totalement absurde et ne repose que sur la croyance ? Pour la raison que je viens de dire : pour qu'une monnaie ne soit pas inflationniste, pour que cette création monétaire ne soit pas de la planche à billets, il faut qu'il y ait en face une création de valeur par du travail. En conséquence, la contrepartie du pari qu'il y a à créer de la monnaie la contrepartie de la création monétaire pour financer de l'investissement c'est la valeur supplémentaire qui va être créée par le travail rendu possible par cet investissement supplémentaire. Il n'y a aucune raison de rembourser le prêt, la contrepartie du prêt c'est la production nouvelle.

La croyance qu'il faille s'endetter pour investir inverse complètement le réel. Dans un cas, l'investissement a comme contrepartie la partie de la valeur que nous n'affectons pas à la consommation finale et donc que nous affections à la production de l'outil de travail, et toute une partie de ce que nous produisons va à la production de l'outil de travail. Dans le cas de l'investissement net, il s'agit d'une création monétaire, et l'investissement a comme contrepartie la valeur nouvelle créée grâce au travail rendu possible grâce à cet investissement nouveau. Dans aucun de ces 2 cas là, le prêt n'a pas de fondement. S'il y a prêt, c'est parce qu'il y a eu prédation.