Organiser une assemblée générale

Tout d'abord, pour qu'une assemblée générale (AG) soit organisée convenablement, il lui faut un ordre du jour (ODJ). C'est une liste ordonnée de sujets à aborder, dont l'ordonnancement peut être à plusieurs "étages" (un sujet pouvant être composé de plus petits sujets). Une manière simple de formaliser cela est avec du listage numéroté, avec chaque numéro associé à un sujet, soit une simple liste numérotée dans le cas le plus simple, mais avec une ou des imbrications de listes numérotés dans le cas où il y aurait un ou des "étages". Très bien, mais il reste à faire un ordre du jour.

Le contenu d'une assemblée générale peut par elle-même déjà prendre un certain temps, c'est mieux d'informer de son contenu avant pour motiver les gens à venir et qu'ils puissent préalablement réfléchir, donc il peut sembler préférable que l'ordre du jour lui soit pré-établie. Rien n'empêche pour autant qu'en début d'assemblée générale, voire potentiellement aussi à divers rares moments, il soit possible de proposer d'amender l'ordre du jour. En tout cas, dans le début de l'assemblée générale, il faut un ordre du jour solide, c'est-à-dire qui soit peu ou pas susceptible d'être changé, car faire un ordre du jour au fil de l'eau est épuisant et chronophage.

Si l'on souhaite le démarrer avant l'AG, on peut déjà lister les sujets récurrents quand il est susceptible qu'il y en ait (typiquement c'est généralement le cas pour une AG d'une organisation de long terme et avec un ou des objectifs déjà bien définis, comme un parti politique politicien, un syndicat, ou une association "en dur" avec statuts). Cette tâche, si jugée pertinente et avoir lieu d'être, peut être confiée à une personne individuelle (la personne secrétaire par exemple) ou morale (un comité administratif par exemple). Pour les sujets non-récurrents, s'il y en a, on peut de même confier la tâche de les lister et organiser à une personne individuelle ou morale, et dans ce dernier cas ça pourrait être une réunion pré-AG spécifique ou un organisme qui en convoque une. Toutefois, s'il y a des réunions administratives récurrentes, la constitution de l'ordre du jour de la prochaine AG peut être une de ces tâches. On peut aussi envisager que le dernier point de chaque AG soit de faire l'ODJ de la prochaine, mais il faut néanmoins commencer par en faire une première (donc nécessairement sans précédente).

C'est bien beau d'organiser une assemblée générale autour d'un ou plusieurs sujets plus ou moins décomposés en sujets plus élémentaires, encore faut-il qu'il y ait des gens. Pour cela, il faut évidemment informer de la tenue de l'AG, où et quand, ainsi que de son programme. On voit là tout l'intérêt d'avoir préalablement défini un ODJ. En effet, dans le cas contraire, le programme annoncé risque d'être bien maigre ou très abstrait, alors que savoir un tant soit peu précisément de quoi il sera question peut motiver à venir, entre autres par intérêt pour un ou plusieurs sujets et/ou par non crainte que ce soit un bordel. De plus, il peut être souhaitable d'annoncer une durée prévue, si on peut en estimer ou en forcer une, car cela permet aux potentielles personnes participantes de savoir quand elles pourront raisonnablement être à priori libres de l'AG et donc vaquer à d'autres occupations (manger, dormir, s'occuper des enfants, se divertir, etc.). Pour ce qui est de comment informer qu'une AG va avoir lieu, cela dépend du public visé et des moyens qu'on a.

Une fois les gens réunis, reste à faire l'assemblée générale et au mieux. Avoir un ordre du jour (dont le premier point peut être son éventuelle modification), c'est bien, mais encore faut-il s'y tenir. On peut miser sur le fait d'avoir exclusivement des gens bien sages et rigoureux vis-à-vis de l'ODJ. Toutefois, c'est faire preuve d'optimisme, et ce d'autant plus grand est le nombre de personnes participantes. Pour contrer la déviation de l'ODJ, que ce soit son contenu ou son ordre, il faut qu'il y ait de la police, sans garde-à-vue et coups de matraque ou de gazage, mais tout de même une certaine forme de police, au sens d'une institution ayant pour visé le respect d'un certain ordre (celui l'assemblée générale et donc de son ordre du jour). Pour faire plus gentil, on peut appeler cela le rôle de présidence. Pour cela, une ou plusieurs personnes peuvent être désignées en début d'assemblée générale. Le rôle est de recadrer les personnes qui feraient s'éloigner l'AG de l'ODJ, ou qui empêcheraient d'une manière ou d'une autre sa bonne tenue (à cause par exemple d'un excès de consommation de certaines substances), voire de prendre des sanctions à leur encontre s'il était jugé que cela s'avérait nécessaire. Ce n'est pas drôle, mais c'est moins problématique que ce que ça a vocation à empêcher et réprimer si besoin.

Une fois que les gens parlent et dans les clous s'il vous plait, ça n'est pas pour autant satisfaisant. En effet, il faut que ça se fasse sans se marcher dessus, dans un certain ordre donc. Encore une fois, on peut miser sur l'auto-organisation spontanée et auto-régulée, ou pas. Dans ce second cas, il y a donc le tour de parole à organiser. Pour ce faire, on peut utiliser le même mécanisme de sélection que pour la présidence. Ensuite, la ou les personnes en charge du tour de parole devront prendre en considération les intentions de s'exprimer (exprimables par exemple en levant la main) et distribuer le droit de s'exprimer, ainsi que rappeler à l'ordre celles et ceux qui tenteraient d'y déroger en attendant pas leurs tours. Le moyen le plus simple de trier les prises de parole à venir est que ce soit premier arrivé premier servi. Toutefois, certaines personnes peuvent s'être déjà relativement beaucoup exprimées et certaines catégories sociales peuvent subir une ou plusieurs oppressions systémiques conduisant à moins oser demander la parole, donc un système plus complexe peut être utilisé, dans le but de faire une correction des inégalités.

Enfin, c'est bien de discuter et décider en assemblée générale, mais les têtes ne retiennent pas tout, d'autant plus avec le temps qui passe, et les autres n'y ont pas accès (et heureusement). Il est donc pertinent de produire un compte-rendu (CR). Pour cela, il y a donc une tâche de secrétariat, dont la ou les personnes en charge peuvent par exemple être désignées comme pour la présidence et le tour de parole. La rédaction peut être faite après l'AG, mais il faut se souvenir ou avoir pris des notes. Pour que le poste puisse être pris par le plus grand nombre et ait le plus de chance d'être correctement remplis, mieux vaut qu'à minima la prise de notes se fasse pendant l'AG. Cela autorise donc le secrétariat à signifier qu'il a besoin d'une pause ou d'une précision sur tel ou tel point, et que lui soit donc accordé un droit dérogatoire au tour de parole, mais uniquement pour les interventions relevant du secrétariat. Pour ce qui est du contenu du compte-rendu, c'est à l'AG de décider ou à l'organisation l'ayant organisé, mais il doit à minima reproduire l'ordre du jour effectif et indiquer les décisions qui auraient éventuellement été prises. De même pour la forme, c'est à définir par l'AG ou son organisatrice. Une fois rédigée, le compte-rendu doit évidemment être rendu consultable pour les personnes qui y ont droit, ce qui comprend nécessairement à minima les gens ayant participé. Pour se rappeler du passif, il est hautement conseillé de faire un archivage des CR.