Des personnes n'aiment pas les riches…

Il parait que certaines personnes n'aiment pas les riches. Il y a peu près de tout dans la société, il parait donc inéluctable qu'il y ait au moins un peu de cela. Mais pour certaines personnes, que d'autres n'aiment pas les riches est un problème. En effet, être riche c'est réussir. Or la réussite c'est bien (par définition), il faut donc l'encourager contrairement à certains qui osent être contre.

Être contre quelque chose qui est bien est un non sens. Mais est ce qu'une chose est bien intrinsèquement, c'est-à-dire par elle-même ? Bien sur que non, sinon tout ce qui a été bien hier est bien aujourd'hui et tout le monde aimerait la même chose (puisque tout le monde aspire à de bonnes choses). On considère comme bien ce que l'on désire (c'est-à-dire ce que l'on pense qui pourrait nous amener de la joie) et comme mal ce que l'on pense qui pourrait nous amener de la tristesse. Pour les curieux et curieuses, c'est une théorie de Baruch Spinoza qu'il explique dans son livre "L'Éthique". C'est en nous appuyant sur celle-ci que nous allons proposer une explication du raisonnement des 2 acteurs (les pro-riches et les anti-riches).

Pour les pro-riches, c'est ce qu'il y a de plus trivial, du moins dans l'idéologie dominante en France et dans presque tout le reste du monde en 2017. Être riche apporte des avantages matériels (à travers la consommation) et des avantages en terme de pouvoir (pouvoir "gagner sa vie" sans travail concret par exemple à travers des dividendes, pouvoir investir pour faire créer ce que l'on désire, pouvoir faire plaisir à d'autres à travers la consommation, pouvoir corrompre, etc.). L'état "riche" est donc un avantage. De plus, puisque les riches ont une part significative de la masse monétaire, ils seraient nécessaire pour l'investissement (qui est associé au développement de la société et à la création d'emplois).

Il reste à expliquer les anti-riches. La thèse développée dans cet article est que les pro-riches le sont vis-à-vis de l'état. Mais la richesse ne vient pas toute seule, elle s'obtient à travers un processus. C'est à travers cette distinction entre la vision "état" et la vision "processus" que cet article entend proposer une explication des 2 points de vue (opposés).

Pour comprendre la vision "processus", commençons par définir ce qu'est être riche. Être riche c'est avoir significativement plus d'argent que la majorité des autres personnes. Rappelons que la création d'argent est justifiée par la valeur ajoutée créée par le travail. Mais comment arriver à cet état "être riche", c'est-à-dire par quel processus cela est il possible ?

On peut émettre une première hypothèse : certaines personnes sont sur-humaines. Plus précisément, elles produisent (par elles-mêmes) plus de valeur ajoutée que la majorité des autres personnes. Cela ne peut être que possible que grâce à au moins une capacité supérieure (dans un ou plusieurs domaines) à la majorité à celle(s) des autres personnes. Cette hypothèse souffre d'un problème majeur : malgré l'avancé de la science en ce début de 21ème siècle, elle ne permet toujours pas d'identifier ces sur-humains qui par au moins une capacité supérieure pourraient produire significativement plus que la majorité des autres personnes.

Il reste donc l'hypothèse inverse : aucun humain n'est sur-humain. Le corollaire est donc qu'aucune personne ne peut produire significativement plus qu'une autre à travers au moins une capacité supérieure. Mais alors comment se fait il que certaines personnes aient réussi à avoir significativement plus que d'autres si ce sur-plus n'est pas issu d'eux-mêmes ? Si la valeur ajoutée n'est créée que par le travail, si on ne l'a pas créé soit-même mais que l'on a tout de même obtenu, c'est nécessairement qu'on la prise à une ou plusieurs autres personnes, ce qui est du… vol ! Cela est suffisant à comprendre la position anti-riches.

Mais pourquoi certaines personnes se font elles voler une partie de la valeur ajoutée qu'elles créent ? Bien entendu, on peut bien admettre qu'il y ait quelques personnes idiotes qui n'ont aucun problème à se faire voler. Cependant ce serait une erreur, et fort méprisant, de penser que c'est le cas de la majorité. Comment donc certaines personnes arrivent à voler d'autres suffisamment longtemps et sans connaitre un triste sort pour leur méfait ? La réponse est simple : la domination. Celle-ci ne vient pas de nul part et sa source est loin d'être nouvelle : la propriété lucrative des moyens de production (qui est jugé légale dans un système capitaliste puisque c'est sa condition de possibilité).

Au vol s'ajoute donc la domination. On peut voler sans dominer et on peut dominer sans voler, d'où le fait que c'est en plus. On peut certes objecter que la domination facilite le vol, mais il n'est pas une condition nécessaire. Néanmoins il est évident que la domination légale permet de perpétrer le vol avec rarement au moins un problème sérieux et rend fort peu probable que les volés arrivent à punir ou faire punir la personne voleuse.

Pourtant quel est l'apport des personnes dans l'état "riche" ? L'investissement, mais il est issu d'une domination précédente qui a permis le vol et la conservation du butin. Cette domination a pu être perpétrée par la personne elle-même, ou par un ou plusieurs de ses prédécesseurs et/ou prédécesseuses dont il a eu pu hériter (au moins en partie). Le prétendu apport est donc en définitive que le résultat du vol (facilité par la domination) fait à un ou plusieurs instants précédents. Voler puis ensuite en "donner" (généralement qu'une partie), ça n'a rien de juste.

Mais à cela s'ajoute que le "don" peut être utilisé selon leurs conditions. Puisqu'elles fixent les conditions, autant qu'elles soient en leur faveur, c'est donc pour avoir plus d'argent plus tard et/ou conserver (quand ce n'est pas pour amplifier) le système (politique) qui leur confèrent ce privilège de domination (légale) qu'elles peuvent utiliser à leurs profits. Ce ne sont donc pas de simples voleurs et voleuses agissant légalement, ce sont des parasites. En effet, ils et elles se nourrissent du travail des autres et imposent quel travail doit être fait, où et comment. De plus, on peut noter que cela n'a rien de démocratique, cela en est d'ailleurs une exacte négation.

Pour synthétiser, la thèse défendue dans cet article est que les pro-riches (ou au moins une partie) se basent sur l'état, tandis que les "anti-riches" (ou au moins une partie) se basent sur le processus. Pour ces derniers, ou au moins une partie d'entre eux, ce n'est pas l'état qui n'est pas aimé, mais le processus qui a permis d'y parvenir. De plus, on peut noter que "anti-riches" n'est pas adapté pour cette vision, en effet cela renvoie à l'état et non au processus, en conséquence "parasites capitalistes" parait être mieux adapté pour décrire leur perception.

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