La revue L'Amorce et Michael Huemer, espècistes
Le 26 juin 2023, est publié l'article
"Le problème éthique de la viande"
par la revue L'Amorce,
dont la vocation prétendue est contre le spécisme
.
Ce serait un chapitre extrait d'un livre
de Michael Huemer :
Knowledge, Reality, and Value:
A Mostly Common Sense Guide to Philosophy
(2021).
Voila ce dont il va être question dans peu de temps.
En effet, commençons plutôt par du passif.
Tout d'abord, ce n'est pas la première fois
que les animaux non-humains sont abordés
par le philosophe Michael Huemer,
s'inscrivant apparemment dans "l'anarchisme philosophique"
(qui semble être une critique idéelle de l'autorité,
autrement dit de la branlette intellectuelle sans conséquence,
à contrario d'un anarchisme social et de lutte
avec la visée de l'advenu d'un autre type de société).
En 2018, a été publié son texte
"Dialogues on Ethical Vegetarianism"
dans Between the Species
(volume 22, page 20 à 135 incluse).
Cela a donné lieu l'année d'après
à une adapation en livre
avec le même nom chez Routledge.
En 2021, une traduction en français par Paul Laborde
a été publiée chez Albin Michel :
Dialogue entre un carnivore et un végétarien.
La revue L'Amorce, auto-proclamée contre le spécisme
,
en fera 2 recensions élogieuses
(comme les titres l'annoncent) :
"Souffrance humaine versus souffrance animale, bonnes feuilles de Dialogue entre un carnivore et un végétarien (2021) de Michael Huemer"
(15 février 2021)
et "Socrate n'a qu'à bien se tenir ! À propos de Michael Huemer, Dialogue entre un carnivore et un végétarien (2021)"
(François Jaquet,
3 janvier 2022).
Les positions zoonimalistes de Michael Huemer sont donc connues, ou connaissables si on est curieux·euse. La revue L'Amorce les connait, elle en avait même déjà parlé 2 fois et ce d'une manière enthousiaste. Avec l'article dont il va enfin être question, elle ne fait que réitérer et longtemps après (une discussion du comité de publication a donc largement eu le temps d'avoir lieu). Aucune surprise n'est à l'horizon. Ce n'est donc pas une erreur. Pourtant, comme on va le voir avec cet article et c'était déjà le cas avec le passif, Michael Huemer est très nettement espèciste, il fait de la discrimination en fonction de l'espèce : il juge valable des choses sur les animaux non-humains que la morale commune et vraisemblablement lui-même jugeraient intolérables sur les humains et ce même en restreignant aux animaux non-humains dont est certain de la sentience (signalons à ce propos qu'il juge acceptable de s'en prendre aux insectes et aux bivalves, alors qu'on pourrait trouver plus judicieux de s'abstenir par prudence, puisque la non-sentience de ces animaux non-humains n'est pour le moment pas certaine). Venons-en maintenant au dit article, cité au tout début de ce texte.
Tout d'abord, il fait sa focalisation habituelle.
Le problème serait l'élevage intensif
et non l'élevage tout court
et d'autres pratiques d'exploitation et/ou de mise à mort
d'animaux non-humains
faites en l'absence de nécessité
(comme l'enfermement pour le voyeurisme
et/ou au nom de la biodiversité,
la chasse, la pêche, ou encore l'équitation).
La solution serait quant à elle le végétarisme éthique
,
donc pas le véganisme,
qui va au-delà de la chair
et même plus généralement de la bouffe.
Ensuite, il prend explicitement position en faveur du bien-être, comme son maitre Peter Singer. Il ne s'arrête pas là : il s'affirme contre les droits, en citant Tom Regan et pas Gary Francione (dont nous sommes très proches en ce qui concerne les animaux non-humains ou zoonimaux).
Puis il répond à plein de d'arguments classiques contre sa position végétarienne à base d'élevage intensif. Ce qui est aussi l'occasion de préciser sa position. En effet, il commence par rejeter aussi explicitement les produits laitiers et les oeufs, mais également les produits zoonimaliers pour vêtements, comme le cuir et la laine, mais là encore si c'est obtenu par élevage intensif. Vient après le sujet du non-intensif ou du moins de ce qui est prétendument respectueux du bien-être des zoonimaux (et pas des zoonimaux eux-mêmes, le bien-être étant tout ce qui compte) : il commence par dire que la majorité des labels sont de la grosse connerie, toutefois il est bien plus hésitant sur certains non-auto-attribués (comme Certified Humane de l'Humane Farm Animal Care).
De plus, comme déjà par le passé,
il ré-itère sa non-prudence
vis-à-vis des bivalves et insectes
qu'il qualifie de non-sentients,
Cela le conduit à s'écarter quasi-explicitement des véganistes
(
Les véganes rejettent ces produits ;
toutefois, l'argument en faveur de leur abandon
est beaucoup plus faible
).
Dans son livre, il ne se revendiquait pas du véganisme,
mais plutôt de l'ostro-véganisme,
ce qui n'est pas tout à fait exact
vis-à-vis de sa position pratique déclarée qui est
l'ento-ostro-véganisme
ou entostro-véganisme.
Cela est suivi par une acceptation sans réserve de la viande de laboratoire. Elle serait nécessairement sans cruauté et sans meurtre. Pourtant, ça ne serait pas forcément le cas. À cela, il faut rajouter qu'elle ne remet pas en cause de la culture de la viande et pourrait engendrer du repli sur la viande de cadavres s'il venait à y avoir un doute sur celle de laboratoire.
L'Amorce, auto-proclamée revue contre le spécisme
,
a publié ce texte de Michael Huemer.
Elle avait déjà précédemment publié d'autres de ses textes
et d'une façon espacée dans le temps,
ce qui a largement laissé le temps à ses membres
de se reprendre (ou quitter le navire)
et de décider de ne plus accepter ce genre de propos.
Pourtant, elle a publié un nouveau texte de Michael Huemer,
qui est clairement espèciste
(en ce qui concerne les humains,
il n'y a personne pour juger recevable d'en faire l'élevage,
à fortiori de la naissance à la mort provoquée,
fut-ce d'une manière non-intensive ou non-industrielle
avec un label prétendant certifier
que ce serait compassionnel).
De plus, avec ce dernier article comme pour les précédents,
il n'y a pas l'ajout de la moindre note critique.
Se réclamer de l'anti-espècisme c'est pour faire bon genre ?