Poursuivre un sans-abri pour un acte commun, une étrange horreur

Le 21 juillet 2023, est publié un article avec le titre suivant : Nice : Un homme en garde à vue pour avoir mutilé et torturé à mort son chien . On peut le retrouver chez 20 minutes et son auteur est Lucas Gheddab. Mais, hormis pour la référence, cela n'a pas d'importance. Passons donc à ce que nous dit l'article.

Il a un chapô, c'est-à-dire un petit texte d'introduction. Celui-ci nous informe que Plusieurs associations ont fait savoir qu'ils allaient déposer plainte contre le propriétaire du chien pour actes de cruauté et de barbarie.

À priori, on peut trouver que c'est juste, car ça correspond à la morale commune. En effet, selon celle-ci, il est mal d'infliger des souffrances aux animaux et les tuer, à moins bien sûr que cela relève de la nécessité. Et il semble effectivement qu'on est là malheureusement dans ce cas là. En effet, l'homme n'était à priori pas dans une situation de légitime défense ou autre situation exceptionnelle où il y aurait un conflit important entre ses intérêts et ceux du chien. La morale commune telle que nous l'avons énoncé, ou en tout cas ce qui nous semble être la morale commune proclamée vis-à-vis des animaux, condamne la cruauté de l'homme envers le chien. Nous ne prétendons pas être hors de cette morale, donc nous condamnons cet acte sinistre.

Approuve-t-on pour autant la volonté de certaines associations de porter plainte contre l'auteur de cette cruauté ? Sur le principe, évidemment, car nous réprouvons l'acte. Mais il ne s'agit pas là juste d'une discussion théorique, un dépôt a ou va peut-être avoir lieu contre l'homme qui a mutilé et torturé à mort son chien. Est-ce que nous apprêtons à devenir ignoble ? C'est à vous d'en juger.

Car, si sur le principe nous sommes pour le dépôt d'une plainte et une condamnation de l'homme qui a été cruelle vis-à-vis du chien, alors nous attendons donc que les associations en question fassent de même pour tous les gens qui achètent ou vendent de la viande, du poisson, du lait, de l'oeuf, de la fourrure, du cuir, etc. En effet, ces produits impliquent [des] actes de cruauté et de barbarie envers les animaux non-humains.

Hors, il n'est aucunement nécessaire de manger le moindre produit animal, à condition toutefois de se complémenter en vitamine B12. Dans une alimentation sans produit animal (ni chair, ni lait venant d'une autre espèce, ni oeuf, etc.), dite végétalienne (ou végane), il faut aussi bien sûr manger varié au sein du règne végétal, donc manger au moins du blé et du riz pour les céréales, manger en quantité des légumineuses (lentilles, haricots secs, pois chiche, soja, etc.), manger des fruits et légumes évidemment, et de préférence manger des oléagineux (que l'on peut définir comme regroupant les graines et les noix). Pour l'aspect vestimentaire, la non-nécessité des produits animaux est à contrario évidente.

Les sévices qu'on subit les animaux pour tout ce dispensable est dans la majorité des cas bien pires que ce que l'homme a fait à son chien. Et si ce n'était pas le cas ou que vous pensez que ce n'est pas le cas, cela ne change en rien au fait qu'ils ont subi des actes de cruauté et de barbarie, puisque les produits animaux ne sont pas nécessaires pour nous nourrir ou nous vêtir, et vous n'êtes fort vraisemblablement pas sur une île perdue ou dans la nécessité de les avoir par vous-même sans intermédiation marchande pour subvenir à vos besoins. Enfin, si vous pensez que ce serait plus cher, sachez que c'est aucunement le cas, c'est même le plus souvent moins cher, si on exclue néanmoins les forts dispensables ersatz (simili-carnés, simili-cuir, etc.) qui sont par ailleurs écologiquement inférieurs par rapport aux végétaux pas ou peu transformés (pain, houmous, tofu, etc.).

Porter plainte, ou d'envisager de le faire, contre un homme qui a mutilé et torturé à mort son chien, ce qui relève incontestablement de la cruauté et de la barbarie (à moins certes que le chien voulait lui faire la peau), et en même temps de consommer des produits animaux qui sont clairement non-nécessaires et de ne pas en dénoncer la consommation comme relevant tout autant d'actes de cruauté et de barbarie pour les gens qui pourraient faire autrement (c'est le cas à minima de la majorité des gens qui vivent en Europe, en Amérique du Nord et au Japon), cela relève du double standard. Celui-ci est d'autant plus odieux qu'il ciblerait là un sans-abri. La société n'est déjà même foutue de le loger et voila que certains de ses membres annoncent s'apprêter à l'enfoncer encore plus, ce pour un motif tristement commun. Alors que d'autres ont logement, réfrigérateur, voiture ou moto, etc., et font ou font faire [des] actes de cruauté et de barbarie, ça ne leur est à eux pas reproché, sous le prétexte amoral que c'est légal, mais cela ne change rien pour les animaux.

Résumons : un sans-abri a malheureusement mutilé et torturé à mort son chien, ce qui est clairement un acte sinistre de cruauté (à moins que ça ait été de la légitime défense), mais pas plus que tous les gens qui produisent, vendent et achètent en l'absence de nécessité des produits provenant d'animaux sentients (on n'est pas sûr pour le moment pour par exemple les insectes et les bivalves, mais on l'est et depuis fort longtemps pour les lapins, les poulets et les poules, les canards, les cochons, les veaux, les vaches et les boeufs, mais aussi les poissons et les poulpes). Si pour vous les animaux importent moralement, alors vous devez à minima adopter une façon de vivre qui cherche à exclure, autant que faire se peut, toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller, ou pour tout autre but. Cela a un nom simple, vous en avez probablement déjà entendu parler, il s'agit du véganisme. Dans la mesure de votre énergie, de vos moyens matériels, du temps que vous pourriez y allouer, etc., une fois la transition faite ou même pendant, vous devriez envisager d'également militer pour, afin que nos vies humaines conduisent le moins possible à infliger sciemment des souffrances et la mort à des êtres qui ont intérêt à éviter ça.

Ressources sur le véganisme

Théorie

  1. Le véganisme sans les droits des animaux (Gary Francione et Anna Charlton, vegan.fr, 2015)
  2. Petit traité de véganisme (Gary Francione et Anna Charlton, éditions L'Âge d'Homme, 2015)
  3. Pourquoi le véganisme doit être la base (Gary Francione, fr.abolitionistapproach.com, mars 2011)
  4. Introduction aux droits des animaux (Gary Francione, éditions L'Âge d'Homme, 2015)

Pratique

  1. www.vivelab12.fr (site web dédié à cette précieuse vitamine à ne surtout pas négligier)
  2. jemangevegetal.fr (site web synthétique et sérieux sur la nutrition végétalienne)
  3. HowDoIGoVegan.com (site web en anglais pour aider à devenir végan·e)