Pourquoi vous ne devriez pas acheter, utiliser ou promouvoir un iDevice
Dans cet article, iDevice
(que l'on pourrait traduire par iAppareil)
désigne les appareils (faits par Apple) tournant sur
le système d'exploitation iOS
(ou une version légèrement différente) :
iPhone, iPad, iPod Touch, Apple TV et Apple Watch.
Les Mac et les autres produits Apple ne sont pas abordés,
bien qu'il y ait des problèmes communs et d'autres.
Certains problèmes ne sont pas spécifiques aux iDevices
et sont également présents chez d'autres
(Windows, Amazon Kindle Swindle, BlackBerry, etc.).
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois en mai 2016. Il est possible, bien que peu probable, que la situation change dans le bon sens avec le temps.
- Comme d'autres entreprises lucratives, Apple fait fabriquer des produits en Chine (dont au moins en partie les iDevices) et d'autres pays qui ne sont pas connus pour le respect des droits humains et des travailleurs, cela par exemple été montré par "Les secrets inavouables de nos téléphones portables" de Cash Investigation. Pour des raisons de buzz médiatique, Apple peut exiger des conditions de travail qui conduisent à des sucides et des meurtres. L'entreprise a la pomme fait en sorte que ces actes hautement éthiques ne soient pas connus.
- Comme de nombreuses entreprises multinationales, Apple fait en sorte de payer le moins d'impôt possible grâce à des filiales étrangères. Ensuite, Apple se permet de tenter d'apparaitre comme généreux.
- Apple nuit à la concurrence avec des ententes illicites. Il ment à des créateurs de contenus en leur faisant croire qu'en absence de réponse, ils acceptent un contrat fait par Apple sans qu'il n'en est fait la moindre demande.
- Le bootloader (ou chargeur d'amorçage) des iDevices est verrouillé (cette pratique est généralement appelée Restricted Boot pour démarrage restreint/censuré). Cela empêche de changer de système d'exploitation sur les iDevices, et même parfois de revenir à une version antérieure. Ainsi, Apple force les utilisateurs de iDevices à rester sur iOS, que cela leur plaise ou non. Cette pratique empêche les utilisateurs de iDevices de faire ce qu'ils veulent de leurs appareils et est nuisible à la concurrence des systèmes d'exploitation.
- Apple, comme de nombreux autres constructeurs, dit que changer le logiciel des iDevices d'une manière non prévue par Apple enlève la garantie. Or, en Union Européenne, c'est un mensonge (pour plus d'informations lisez la directive 1999/44/EC).
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Le seul système d'exploitation possible à cause du bootloader est iOS. iOS est propriétaire (comme le bootloader). iOS n'est pas légalement modifiable, à cause de brevets (accordés pour tout et n'importe quoi) et de droits d'auteur.
iOS ne peut être utilisé que ce pour quoi Apple veut bien qu'il soit possible de faire. Par exemple, les émulateurs sont interdits sur iOS. Il est également impossible de transformer un iDevice en serveur, malgré qu'il n'y ait aucune contrainte matérielle ou juridique à cela. De plus, cela peut permettre à Apple de se donner un avantage concurrentiel sur des concurrents via une ou des fonctionnalités qui leur sont inaccessibles.
Apple a un contrôle total sur les iDevices. La firme à la pomme peut par exemple espionner (notamment via des portes dérobées) et censurer ses clients (elle a d'ailleurs réfléchi à donner la possibilité à la police de désactiver vos appareils durant des manifestations). Elle peut aussi supprimer à distance, sans en informer ses clients et sans décision juridique, des applications et des contenus sur les appareils utilisant iOS (comme Amazon sur ses Kindle ou Google avec ses services non libres pour Android) (Apple a par exemple déjà fait cela pour de la musique achetée chez des concurents). En 2010, Steve Jobs, le célèbre co-fondateur de Apple et à cette époque le PDG, a avoué qu'il voulait
lier tous nos produits ensemble, pour enfermer plus encore nos clients dans notre écosystème
. Une mise à jour d'iOS a rendu inutilisable des iPhones réparés par des tiers ! D'autres abus sont probablement possiblement et pourront de toute façon être introduit secrètement dans une mise à jour (sans qu'il soit toujours possible de revenir à la version précédente).De plus, Apple peut arrêter de développer et fournir des services quand il le souhaite et personne ne peut continuer le travail à leur place dans de nombreux cas. Cela n'aurait pas été le cas si tous les logiciels qu'il développe et utilise pour ses services étaient libres.
- Apple utilise et supporte les DRM, dans iOS et ses autres produits et services. Les DRM sont des menottes numériques ayant pour but de restreindre les libertés de l'utilisateur sans juge et la concurrence. Ce genre de pratique est de l'informatique déloyale. Apple dit que contourner ses DRM est illégal, même à des fins qui sont autorisées par la loi ! Même si vos fichiers n'ont pas de DRM, Apple peut en rajouter !
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Sur iOS (système d'exploitation des iDevices), il n'y a qu'un seul moyen (ou presque) d'installer des applications. Il s'appelle l'AppStore. Cela pose plusieurs problèmes :
- Les iDevices ne laissent pas le choix de la méthode d'installation des logiciels. En effet, il faut obligatoirement passer et être accepté par Apple. Il n'y a pourtant aucune raison technique ou juridique qui justifie cela.
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Les conditions de l'AppStore sont drastiques.
Ainsi, Apple applique une censure privée
(parfois cavalière
et il faut souvent une polémique pour espérer qu'il y mette fin).
D'après les conditions d'utilisation, celles-ci ne sont pas attaquables par la voie juridique.
Il est par exemple interdit de :
publier une application trop simple,
faire atteinte aux bonnes mœurs (par exemple : pas de sexe),
proposer une application qui peut permettre de faire une action illégale (avec cette logique on interdit les couteaux…),
s'inspirer d'une autre application,
faire concurrence aux applications Apple
(même celles qui donnent l'heure sur… une montre),
faire des actions si l'application n'est pas produite par un organisme reconnue ou
parler des concurrents.
Ces interdictions provoquent inévitablement de l'auto-censure et l'innovation.
Apple s'est également arrogé le droit de supprimer des applications d'une manière arbitraire
(comme une application sur la culture de marijuana,
alors que d'autres existent sur le même sujet et que d'autres actes immoraux ou illégaux, comme tuer des gens, ne sont pas bannis).
Filtrer les contenus et les moyens d'y accéder sur le seul moyen d'en obtenir (c'est à dire l'AppStore, à l'exception des navigateurs web) est un acte de censure totalitaire.
De plus, cela pose un problème de monopole économique. Il ne faut pas aussi oublier que Apple prend une commission pour chaque achat de licence d'application ou achat dans une application. Mais Apple peut se permettre de faire une exception pour ces applications, ce qui lui donne un avantage anti-concurrentiel. Même pour développer et publier une application gratuite sans publicité ou sans toute autre source de revenus potentiels, il faut payer (99$/an en avril 2014). - On ne peut pas transmettre une licence d'utilisation d'une application achetée sur l'AppStore, ce qui empêche le don et la vente.
- Les conditions d'utilisation de l'AppStore sont incompatibles avec les licences libres GPL et AGPL de la Free Software Foundation.
- L'AppStore est un des moyens incontournables de Apple pour pister les utilisateurs/utilisatrices, étudier leurs comportements et exploiter ces informations.
Apple et ses défenseurs disent que ce ne sont pas des problèmes. Ils invoquent notamment les arguments suivants :
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Un contrôle total et irrévocable d'Apple permet une plus grande sécurité.
Il est vrai qu'en limitant et en encadrant les libertés des gens, il y a moins de problèmes extérieures
(mais il y en a toujours).
Mais, il est inacceptable d'échanger des libertés contre de la sécurité.
Cela est similaire à couper les jambes. En chaise roulante les gens ne pourraient que difficilement tomber ou s'agresser physiquement, mais ça ne serait pas un progrès. -
L'obligation de passer par Apple permet de réduire fortement voire empêcher d'installer et utiliser des applications payantes sans payer.
La raison est louable, mais imposer un unique fournisseur est mauvais.
En effet, cela pose d'importants problèmes, tels que : le monopole économique, il y a moins d'intérêt d'innover, une partie de la vie privée (habitude de consommation…) de toute une catégorie de personnes (les utilisateurs de iDevices) est dans un unique endroit. Cela est encore plus problématique quand le fournisseur n'est pas neutre sur ce qu'il vend (censure, etc.), ce qui est le cas de Apple. -
La concurrence existerait grâce aux systèmes concurrents.
C'est vrai, mais il n'est pas acceptable que
Apple interdise la concurrence sur son système.
C'est comme un monopole d'État qu'il est interdit de concurrencer. Mais c'est encore pire dans le cas de Apple, car c'est un monopole privé (qui ne peut donc pas avoir de vocation d'intérêt publique). -
Il est possible signer une application
avec un certificat développeur ou entreprise
pour ne pas avoir à passer par l'AppStore.
Malheureusement, Apple a tout pouvoir sur ce système, il peut donc l'arrêter ou révoquer un certificat. Une astuce pour contourner l'expiration d'un certificat a par exemple été bloquée avec iOS 8.1. De plus, la création d'un certificat est payant et nécessite l'approbation d'Apple. Une autre méthode pour installer une application non validée par Apple est de passer par Xcode (un outil de développement propriétaire d'Apple), mais Apple considère cela comme une une violation du contrat développeur. - Le jailbreak ou débridage du système iOS permet de passer outre des limitations de Apple. Néanmoins, Apple fait en sorte d'empêcher le jailbreak techniquement et légalement. Le jailbreak n'est donc qu'une solution de court terme (le temps que Apple l'empêche via une mise à jour), qui nécessite de violer les conditions de Apple et qui peut entrainer le brickage de l'appareil.
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Les applications par défaut sont obligatoirement celles d'Apple.
Par exemple, si vous voulez que
quand vous cliquez sur un lien pointant vers une page web
qu'un autre navigateur web que Safari s'ouvre,
c'est impossible.
Certaines applications permettent d'ouvrir d'autres applications que celles par défaut, mais le développeur a du s'adapter pour chaque application par défaut qu'il doit contourner. Certaines applications proposent par exemple d'ouvrir Google Chrome à la place de Safari, mais ne permettent pas de choisir n'importe quel navigateur, car Apple a fait en sorte que ce ne soit pas possible. - Les moteurs de rendu pour le HTML, le CSS et le JavaScript sont obligatoirement ceux d'Apple. Ces technologies sont utilisés sur toutes pages web (ou presque) et sont ouvertes (pas de brevets, copyrights, etc.). Ainsi, Apple n'autorisent pas la concurrence sur ces moteurs qui sont la base des navigateurs web (c'est pour cela que Mozilla ne voulait pas porter Firefox sur iOS). De plus, Apple peut en profiter pour favoriser son navigateur web Safari (par exemple en n'autorisant pas le non téléchargement de certains contenus dans les autres navigateurs web).
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Un certain nombre d'opérations ne sont pas possibles sans un autre appareil.
De plus, sur cet autre appareil, il faut iTunes.
Ce dernier est un logiciel propriétaire lourd.
D'autre part, il n'est compatible qu'avec des systèmes propriétaires payants lourds :
Windows et macOS.
À l'achat d'un iDevice, il ne faut donc pas oublier ce potentiel cout caché
et les problèmes de liberté des logiciels propriétaires.
D'après le site d'un opérateur de réseau mobile, il est par exemple impossible de désimlocker un iPhone sans connexion à Internet et le logiciel iTunes. - Le chiffrement des données sur le système iOS n'est pas sur. Le chiffrement permet normalement de rendre des données illisibles sans une clé (ou mot de passe), en se basant sur des principes mathématiques. Or Apple aurait la capacité de contourner le chiffrement de iOS, probablement via une faille introduite/laissée volontairement dans le système de chiffrement de iOS.
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Apple fait parfois exprès de rendre incompatible ses produits et services avec ceux des concurrents.
Ainsi, du développement est spécifiquement fait pour cela.
En août 2013 (c'est peut être encore le cas à l'heure où vous lisez ces lignes), icloud.com déclarent queles navigateurs Android ne sont pas pris en charge
. Or, il suffit de mentir (via le user-agent du navigateur web) (pour faire croire que l'on n'utilise pas Android) pour que le site web soit fonctionnel. - Les montres d'Apple restreignent logiciellement comme leurs mémoires persistentes peuvent être utilisées.
- Des iDevices ont un dangereux système d'identification biométrique. Il n'est pas aussi efficace que l'on pourrait le croire. On peut par exemple reproduire une empreinte digitale avec une photo !
- Apple approche des entreprises d'assurance. Dans le même temps, il développe des logiciels et une infrastructure de stockage pour les données de santé qui peut être alimentée grâce aux capteurs des iDevices (comme Google et Samsung). Les données accumulées pourraient être revendus et permettront potentiellement d'en déduire d'autres. L'assurreur AXA tire déjà profit de données médicales livrées par des ordinateurs qui ne sont pas les siens !
- Ce que vous dites à l'assistant vocal d'Apple (appelé Siri) est envoyé sur les serveurs d'Apple. Les données obtenues par ce biais peuvent être conservées, traitées et utilisées d'une manière générale, ce qui inclut des humains.
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Quelques citations :
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Une serrure sur votre propre maison pour laquelle vous n'avez pas la clé n'est pas un système sécurisé, c'est une prison
de John Sullivan -
La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté
de Max Stirner -
Nous n'avons qu'une liberté : la liberté de nous battre pour conquérir la liberté
de Henri Jeanson -
Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux
de Benjamin Franklin
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Cet article explique "juste" de nombreux problèmes éthiques des iDevices d'Apple. Si vous cherchez des solutions, il y d'autres articles pour cela, comme "Comment combiner ordinateur de poche avec interface tactile et éthique".