Un chat dépecé en direct : et alors ?

Le mercredi 2 novembre 2022, un jeune homme, qui aurait alors 20 ans et serait originaire de Freyming-Merlebach (Moselle) et exercerait la profession de poissonnier, aurait fait des vidéos qu'il a publié via Snapchat (un service Internet de partage) et elles auraient choqué du public (dont la Fondation 30 Millions d'Amis et la Société de Protection des Animaux qui auraient donc porté plainte ou envisagé de le faire). Pourquoi cela ? Il aurait tiré une balle de plomb dans la tête de son chat, afin de le tuer bien sûr, puis il l'aurait dépecé. Et c'est tout.

Pour cela, le procureur de Sarreguemines pour la république bourgeoise de France, Olivier Glady, l'aurait fait condamner. Plus précisément, il aurait pris à 10 mois d'emprisonnement, dont 6 avec sursis probatoire. La justification, ce qui poserait ? Il a commis sévices sur animal ayant entraîné sa mort.

N'est-ce pas grave, très grave même ? N'a t'il pas commis des sévices sur animal en l'absence manifeste de nécessité et celles-ci n'ont t'elles pas entraîné sa mort ? Si on en croit les articles de presse, c'est tout à fait juste. Et alors ?

Ne sait-on pas que l'on n'a pas besoin de chair, de lait et d'oeuf pour être en bonne santé (à condition de se complémenter en vitamine B12) ? On le sait. Pourtant il faut tuer avant d'avoir la chair. Pourtant les femelles font du lait pour des enfants, il faut donc les engrosser, mais aussi éradiquer les petits (car ils voudraient boire), et la mère sera tuée quand elle sera jugée insuffisamment productive, tout cela pour une production qui n'est pas indispensable. Pourtant, pour assouvir la consommation énorme d'oeufs et le faire au plus possible à bas prix, il y a des races de volaille spécialisées, donc les mâles sont inutiles et donc tués juste après la naissance, tandis que les femelles sont exploitées toute leur vie, car elles sont elles aussi exterminées quand elles sont jugées insuffisamment productives. N'est-ce pas tout autant des sévices sur animal ayant entraîné sa mort ? En quoi était-ce différent ? Il n'y avait aucune nécessité, des animaux ont subi de graves sévices et ont été sciemment tués. Il a tué et dépecé un chat pour le plaisir, les non-végétalien·ne·s (hormis gens sans ressource) consomment des aliments animaux pour le plaisir (parfois, si ce n'est souvent, camouflé par l'habitude ou la tradition) et les souffrances infligées sont bien pires que celles infligées au chat. Sur le fond, ce n'est pas différent.

Et même si les gens pensaient que l'alimentation végétalienne, c'est-à-dire l'alimentation sans produit animal, était non-viable pour l'humain ou leur(s) cas particulier(s) (femme enceinte, personne sportive de haut niveau, jeunesse ou vieillesse, etc.), se sont t'ils un tant soit peu renseignés ? Si oui et qu'ils ont été amenés à penser que le végétalisme n'était pas viable pour l'humain ou dans leur(s) cas particulier(s), ont t'ils chercher à connaitre la consommation minimale nécessaire (avec à la limite un petit surplus de sécurité) ? Si oui, et ça fait franchement pas grand monde, en fait à peu près personne fort probablement, se sont t'ils imposés cette limite minimum ? Puisqu'ils considèrent probablement que des sévices sur animal ayant entraîné sa mort sont horribles, donc ne devraient pas être faits, ils se doivent d'avoir fait cette recherche (à moins qu'il n'en ait pas les moyens) et de se tenir au minimum s'ils sont arrivés à la conclusion que le végétalisme n'était pas viable pour l'humain ou dans leur(s) cas particulier(s). Mais le font-ils ? Qui va oser prétendre que oui ? Donc pourquoi en vouloir en particulier à un type qui a tué un chat puis l'a dépecé ? Dans le cadre de l'alimentation, ils font pire et fort probablement dans une proportion bien plus grande.

Dans le même ordre d'idée, ne sait-on pas que les individus tiennent à leurs peaux ? Et pour cause, sans c'est moins facile de ne pas mourir. Pourtant, on élève et tue des animaux pour leurs peaux. Puis, certains les vendent et achètent (donc financent ce qui est nécessaire à son obtention), ils vendent et achètent de la fourrure, du cuir et des plumes. Était-ce nécessaire ? Non. Mais cela n'aurait t'il pas un tout petit peu causé des sévices sur animal ayant entraîné sa mort ? Qu'est-ce que ça leur apporte par rapport à des alternatives sans exploitation d'animaux non-humains et sans meurtre d'animaux non-humains ? Rien de nécessaire, comme pour le chat dépecé. Malheureusement, on pourrait continuer avec d'autres exemples.

Pourquoi donc condamner un type qui a tué et dépecé un chat en l'absence de nécessité et pas tous les autres qui infligent aussi ou font infliger aussi des sévices sur animal ayant entraîné sa mort ? Pourquoi une très large partie des gens qui s'indignent de ce qui a été fait au chat ne s'indigne pas autant de ce qui est fait aux autres animaux en l'absence manifeste de nécessité ? Pire, pourquoi une large partie des gens qui s'indignent de ce qui a été fait au chat font commettre sciemment, et alors qu'ils pourraient faire autrement, des sévices sur animal ayant entraîné sa mort ? En quoi ces gens sont différents de celui qui a tué le chat puis l'a dépecé ? Leur mode de vie comprend bien plus de violence inutile et de mort inutile qu'un chat tué par an.

Si vous pensez que les animaux non-humains importent, car ce sont des êtres sensibles, arrêtez donc les consommer, arrêter de les exploiter et de les faire exploiter, arrêter d'être cruel envers eux quand vous pouvez faire autrement (et votre plaisir n'est pas une justification ou tout autant que d'un tueur et dépeceur de chat). C'est le minimum et c'est communément appelé véganisme. Mais les sévices sur animaux ne s'arrêteront pas parce que vous arrêtez, il y en aura juste moins. C'est certes déjà ça. Cependant, vous pourrez convenir que ce n'est pas suffisant, qu'il faudrait que ça disparaisse. Vous devriez aussi pouvoir convenir que ça ne se fera pas tout seul, votre aide est donc la bienvenue.

Sources

En rapport avec le sujet

Écrits sur notre rapport aux animaux non-humains

Ressources pour le passage concret au véganisme