L'enfer des veaux n'est pas le transport

Préambule

Le 10 juillet 2023, L214 a publié sur son site web Transport illégal de veaux nourrissons : nouvelles images de violences . L214 est une association dont le slogan est éthique & animaux. Voila ce qu'elle se donne pour mission générale : L'urgence est de mettre fin aux pratiques qui leur infligent le plus de souffrances, telles que l'élevage intensif, les mutilations, les longs transports ou encore certains modes d'abattage. À plus long terme, L214 souhaite que notre société invente et instaure une cohabitation pacifique avec les animaux, ce qui implique l'arrêt de l'élevage, de la pêche et de l'abattage.

Pour mener cette enquête qui s'étale sur plusieurs pays, L214 n'y a pas été toute seule. En effet, ça a été fait avec 2 autres groupes : Ethical Farming Ireland et Eyes on Animals. Présentons donc les aussi, puisqu'ils sont moins connus en France que L214 et qu'ils éclaireront aussi le coeur du propos que nous voulons tenir à travers ce petit écrit.

Ethical Farming Ireland a lui pour slogan Campaigning for a better life for farm animals that doesn't cost the earth . C'est là bien moins vague que le éthique & animaux de L214, il est voulu une meilleure vie pour les animaux non-humains de ferme, ce qui sous-entend très clairement que le but n'est absolument pas d'en finir avec l'élevage. Logiquement quand il s'agit d'agir, on nous propose Eat Less and Better!. Dans ce cadre, est proposé en tout premier de ne plus soutenir l'élevage industriel ( The first thing you can do to help farm animals is not support factory farms by buying the produce. ). Cela est complété par The most important thing you can do, and the easiest thing, is to cut down on the consumption of meat, dairy and fish altogether. Et il ne faut pas se méprendre : cut down ne veut pas dire arrêter mais réduire. Il n'y a alors rien d'étonnant à ce que soit fait la publicité d'un site web sur le flexitarisme (qui est un régime alimentaire consistant à manger moins de produits animaux mais pas d'arrêter d'en consommer).

Eyes on Animals a lui un slogan qui est explicite : Watching out for their welfare. Le but est le bien-être des animaux non-humains que l'humanité exploite et tue, mais pas d'abolir l'exploitation. La stratégie est composé de 4 piliers mis en gras sur le site web : enforce ( get the existing animal-welfare legislation better enforced by training law enforcers, like highway police ), educate ( spread better practices by training chicken catchers, farm animal drivers and slaughterhouse workers on animal-behavior, intelligence and more humane handling techniques [to exploit and kill them] ), encourage ( shedding a positive light on companies that are trying hard to reduce animal suffering [instead of end it] ), expose ( expose animal suffering and shame the companies that cause it ). C'est suivi, là sans emphase, par Our personal philosophy is that the world should move towards a more plant based agricultural system, in order to better guarantee no risk of animal abuse or suffering and also to better protect our planet. Il faudrait un système agricole qui soit plus végétal, mais implicitement pas un système agricole que végétal. L'usage des animaux non-humains est d'ailleurs latent, puisqu'il ne faudrait pas abuser d'eux ou leur causer de la souffrance, ce qui serait apparemment compatible avec leur exploitation et leur mise à mort.

Maintenant que nous avons brièvement décrit les enquêteurs, leurs approches vis-à-vis des animaux non-humains, revenons-en au transport des veaux qui est dénoncé. Ou plutôt ce qui est dénoncé par ces structures et ce qu'elles encouragent autrui à dénoncer. Car comme vous avez le voir si vous nous lisez encore un peu et comme le titre l'indiquait nettement, nous allons nous plutôt dénoncer ces structures pour ce qu'elles véhiculent, la dénonciation présente du transport des veaux n'étant qu'un exemple et prétexte pour un propos plus général.

Le problème ?

Contrairement à ce que laisse sous-entendre L214 (France), Ethical Farming Ireland et Eyes on Animals avec leur enquête commune, le problème n'est pas la manière dont est fait transport. En fait, ce n'est pas même pas le transport du tout. On peut appliquer les règles légales. On peut même réformer dans le bon sens du terme. Mais ça ne règlera pas le problème.

Vous indignez de ça et donner pour que soit fait des enquêtes de la sorte ne fera pas de vous un·e ami·e des animaux non-humains ou même juste des veaux. Car ça détourne du problème. Lui n'a pas besoin d'être filmé. Il est connu de tou·te·s pour la chair, la fourrure, le cuir, ou encore la corrida. Pour le zoolait, il est de nos jours facile de savoir comment on l'obtient. Le problème est plus profond, plus vaste. Les veaux ne veulent pas souffrir. Ils ne veulent pas être séparés de leurs mères. Ils ne veulent pas être tués, ou peut-être que si, mais à cause de tout ce qu'on leur fait subir, pourtant sans avoir besoin de le faire pour vivre en bonne santé.

L'enfer des veaux, c'est d'être séparés de leur mère. L'enfer des veaux, c'est d'être exploités. L'enfer des veaux, c'est d'être tués. L'enfer des veaux, c'est la vie entière qu'on leur inflige. L'enfer des veaux, c'est notre consommation égoiste de cadavre et de zoolait. L'enfer des veaux, c'est les omnivoristes et végétaristes.

Chacun peut ne pas participer à cet enfer. Cela ne demande pas d'être un héros ou une héroine. On peut manger bien d'autres choses. On n'a pas besoin de similis, ni pour la chair ni pour le lait. C'est donc même moins cher (car le remplacement se fait, en version simple, par les légumineuses : lentilles, haricots secs, pois chiche, soja, etc.), sans même compter que vous pouvez bien plus facilement vous passer de réfrigérateur et congélateur. Devenez végétalien ou végétalienne (le végétalisme est un régime alimentaire sans produit animal) et achetez de la vitamine B12 (qui est un nutriment indispensable que vous ne trouverez pas dans les végétaux sous une forme absorbée par le corps humain). Allez plus loin même : passez au véganisme (une façon de vivre qui cherche à exclure, autant que faire se peut, toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller, ou pour tout autre but). Ou alors acceptez ce que vous êtes : un·e extrémiste prêt·e à infliger sciemment des sévices évitables à des êtres ressentant la douleur et cherchant à l'éviter, donc aussi aspirant à continuer de vivre ; un·e fanatique de la commodité et/ou du goût (de la chair, du liquide pour bébé, du cuir, etc.).

Ressources sur le véganisme

Critique du bien-êtrisme

  1. Les quatre problèmes du mouvement en faveur du bien-être animal : en résumé (Gary Francione, fr.abolitionistapproach.com, mai 2007)
  2. À propos du militantisme de type sang et tripes (Gary Francione, fr.abolitionistapproach.com, juillet 2009)
  3. Comprendre la position welfariste (Gary Francione, fr.abolitionistapproach.com, septembre 2013)
  4. Pourquoi le véganisme doit être la base (Gary Francione, fr.abolitionistapproach.com, mars 2011)

Théorie véganiste abolitionniste

  1. Le véganisme sans les droits des animaux (Gary Francione et Anna Charlton, vegan.fr, 2015)
  2. Petit traité de véganisme (Gary Francione et Anna Charlton, éditions L'Âge d'Homme, 2015)
  3. Introduction aux droits des animaux (Gary Francione, éditions L'Âge d'Homme, 2015)

Pratique concrète du véganisme

  1. www.vivelab12.fr (site web dédié à cette précieuse vitamine à ne surtout pas négligier)
  2. jemangevegetal.fr (site web synthétique et sérieux sur la nutrition végétalienne)
  3. HowDoIGoVegan.com (site web en anglais pour aider à devenir végan·e)