Hélène Tordjman et les animaux non-humains
Hélène Tordjman est une femme blanche née au 20ème siècle. C'est une économiste qui s'est intéressée à la transition écologique et à la proposition d'une croissance verte.
Vis-à-vis des animaux non-humains (ou zoonimaux), elle est exploito-welfariste, c'est-à-dire qu'elle ne remet pas en cause l'exploitation des zoonimaux mais souhaite qu'elle se fasse d'une façon qui serait respectueuse de leur bien-être. Cela s'explique par son penchant pour la décroissance, qui la conduit logiquement à être au mieux très sceptique de l'artificialisation de ce qui ne l'est pas déjà, et par sa réduction du véganisme à l'industrialo-véganisme, à priori suite à un endoctrinement au voisinage de Jocelyne Porcher.
La croissance verte contre la nature
Le 25 mars 2021, est publié son livre "La croissance verte contre la nature – Critique de l'écologie marchande" aux éditions La Découverte. Elle y défend une position exploito-welfariste, l'espècisme est donc au rendez-vous. De plus, elle se prononce très explicitement contre le véganisme (sans jamais en donner une définition), après l'avoir réduit à sa forme industrialo-véganiste.
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Bien sûr, ces expériences [consistant à
(p. 138)activer ou désactiver systématiquement tous les gênes […] que compte le génome […], un à un, pour découvrir lesquels était "essentiels à la vie" (stratégie de recherche du génome minimal)
] se font in vitro, sur des cellules humaines en éprouvette, et non in vivo. Les animaux [sous-entendu non-humains] n'ont pas cette chance [et pour cause, puisqu'il serait bancal d'interdire de la cruauté non-nécessaire pour cela mais pas en revanche pour ceci de différent]. -
La palette des tortures faites aux animaux [non-humains] pour faire avancer la recherche médicale et contribuer au "progrès humain", but qui justifie tout [au contraire du plaisir du palais et de la tradition… ou pas, dissonance cognitive classique chez les espècistes, c'est-à-dire les personnes qui discriminent en fonction de l'espèce]
(p. 139) -
Une nouvelle légitimation apparait [pour les OGM, les organismes génétiques modifiés], en accord avec l'air du temps : le bien-être animal. […] Plutôt que de modifier des conditions d'élevage honteuses [car le problème n'est pas l'élevage en lui-même et plus généralement l'idéologie qu'il y a derrière : l'exploitation d'autrui, de préférence de la naissance à la mort pour les exploiteurs/exploiteuses, et en l'occurrence l'espècisme, puisqu'il n'est aucunement question d'élevage d'humains], il s'agit d'y adapter les animaux [non-humains].
(p. 141-142) -
l'agriculture ne peut se penser indépendamment de la nourriture : qu'est-ce qu'on produit pour satisfaire quels besoins ? [par exemple : le besoin, ou une partie de celui-ci, est-ille de se nourrir nutritivement correctement et d'une manière qui puisse être goûteuse ou de satisfaire les papilles d'une certaine manière et/ou de perpétuer une tradition et ce même si elle se fait au détriment d'êtres sentients et en l'absence au moins en partie de nécessité ?]
(p. 298) -
Des systèmes de polyculture-élevage sont aussi à même de fournir de la fumure venant enrichir les sols [mais est-ce une raison pour cautionner l'esclavage et le meurtre non-nécessaire des zoonimaux (= animaux non-humains) ? ne devrait t'on pas considérer leurs intérêts et chercher autant que faire se peut à ni les exploiter ni les tuer ?].
(p. 303) -
On l'a dit à plusieurs reprises, il n'est absolument plus envisageable de recourir à l'élevage intensif, qui pollue terriblement et torture les animaux. […] Il faudra donc progressivement passer à une alimentation moins carnée [mais toujours carnée] et à de l'élevage extensif [donc continuer d'exploiter].
(p. 303-304) -
certains paysans mélangent jusqu'à dix plantes différentes pour jouer sur la productivité et le goût de leurs produits [zoonimaux], comme s'ils composaient un parfum [en considérant que le corps d'autrui leur appartient, du coup en exploitant l'individu puis en le tuant, ce qui donne une odeur particulièrement dégueulasse, mais pas quand on est bien empreint d'espècisme]
(p. 304) -
sur de petites parcelles, la traction animale peut tout à fait remplacer les tracteurs [mais, si on considère que les humains ne sont pas des animaux, le devrait t'elle pour autant ?], dans une optique où l'on développerait de l'outillage à mesure humaine et ne dépendant des énergies fossiles
(p. 304) -
L'intégration de l'agriculture et de l'élevage, pour l'accès à la fumure organique et la traction animale
(p. 305) -
En page 308 et 309,
elle relate les résultats d'une étude comparative
sur des associations pour la production alimentaire.
Il est net que le productivisme justifie pour elle,
et ce sans le moindre problème,
l'exploitation de zoonimaux et de les tuer.
Alternativement, elle aurait pu se questionner
sur la nécessité de l'exploitation et de la cruauté
envers les zoonimaux (= animaux non-humains)
pour obtenir une production alimentaire décente
pour l'humain
dans une perspective décroissante (qui est la sienne,
et que pour tout dire nous partageons).
Si cela semblait malheureusement ne pas être possible,
elle aurait alors pu s'interroger
sur le niveau minimal nécessaire
d'exploitation et de meurtre.
Cela aurait été une contribution
pour le véganisme décroissantiste,
qui, quoi que fort tristement, pourrait impliquer
de renoncer à son idéal de régime alimentaire,
qu'est le végétalisme,
puisque le véganisme a la clause cruciale de
autant que faire se peut
, qu'on peut toutefois tout à fait interpréter comme potentiellement incompatible avec un certain niveau de décroissance matérielle tant que l'on peut ne pas y être matériellement contraint. Mais même dans le cas inverse, nous nous devons de préciser, maintenant que nous avons entrouvert ce possible, qu'une pensée végane prête à ça au nom de l'impératif écologique pour l'humanité devrait absolument chercher avant tout à réduire le besoin de ressources (de travail et de matière) et la pollution engendrée par les activités humaines, avant d'envisager (et encore plus d'appliquer) de l'exploitation et de la cruauté envers autrui de sentient (qu'il soit humain ou zoonimal), car sinon ce serait une nette violation duautant que faire se peut
. -
Nous, au Nord, consommons globalement beaucoup trop de viande [d'un point de vue écologique]. […] Sans devenir obligatoirement végétariens, il nous faut impérativement changer d'habitudes alimentaires.
(p. 334) -
Il faudrait […] que nous Occidentaux nous inspirions de la cuisine asiatique, saine, équilibrée, avec de tout dans chaque plat [portant nutritivement il n'y aucunement besoin d'avoir nos proportions de nutriments en un seul repas, on peut tout à fait satisfaire nos besoins en étalant les proportions nutritionnelles sur plusieurs repas] mais de la viande en petites quantités.
(p. 335) -
Réduire l'alimentation carnée permettrait aussi d'en finir avec l'horreur de l'élevage intensif [car se faire tuer, à fortiori en l'absence de nécessité pour la personne tueuse, ne relèverait aucunement de l'horreur, pas plus que l'exploitation en elle-même, mais seulement le degré d'exploitation]. Passer à l'élevage extensif, dans des prairies, offrirait aux bêtes une vie meilleure [car il faut être positif : ce sera mieux et pas moins pire, comme quoi l'élevage industriel n'était en fait pas tant que ça une horreur, du moins ce genre de formulation et de revirement est bien symptomatique de l'espècisme qui confère légitimité à l'exploitation et au meurtre, même quand celles-ci ne sont pas nécessaires pour les personnes qui s'y adonnent et/ou profitent des sinistres fruits] et favoriserait les relations entre animaux et êtres humains [car les humains ne seraient pas des animaux, geste bien pratique pour délimiter une frontière nette et justifier par après l'exploitation des uns par les autres, malgré les acquis de la théorie de l'évolution par Charles Darwin], relations qui ont toujours fait partie des cultures humaines [alors pourquoi diable potentiellement envisager de remettre ça en cause ? ce qui cache mal l'absence de volonté de s'interroger sur l'espècisme, alors que cette naturalisation par le "il en a toujours été ainsi" serait jugée (à raison) odieuse si elle était appliquée à la relation homme-femme], quels que soit le lieu et l'époque [note de bas de page : Jocelyne Porcher, Vivre avec les animaux, on est étonné ! ou pas…]. Il ne s'agit pas de devenir végane [quelle horreur !] : les adeptes de ce régime [qui n'est en aucunement un, puisque le véganisme concerne tous les aspects de la vie et pas juste l'alimentation, et que de plus il a la clause
(p. 335)autant que faire se peut
qui fait que son idéal en terme de régime alimentaire, le végétalisme, n'est pas une implication absolue mais conjoncturelle] non seulement refusent quelque relation que ce soit avec les bêtes [car on ne peut avoir des relations que d'exploitation et de meurtre, car aux demeurant·e·s c'est seulement ces relations avec lesanimaux
qui sont exclus dans le véganisme ; ce qui fait que les féministes refusent les relations avec les hommes, que les anti-racistes refusent les relations avec les blancs, etc.], relations pour eux viciés par définition [bah, non…, à moins de considérer qu'on ne puisse avoir avec eux que des relations d'exploitation et de meurtre, ce qui est une position que vraisemblablement pas grand monde défend, y compris chez les personnes véganes], mais de plus il favorise l'industrie des biotechnologies et leurs projets de viande artificielle en éprouvette [qui ne sont aucunement nécessaires pour vivre en bonne santé avec le végétalisme, puisque la seule carence irrémédiable pour l'humain de ce régime est la vitamine B12, mais elle est produite par des micro-organismes et on sait depuis des décennies en produire à partir d'eux sans hôte animal ; on accorde toutefois le point qu'un véganisme non-décroissant peut tout à fait favoriser des similis industriels, mais il ne faut pas mettre toutes les personnes véganes dans le même sac et affirmer comme là avec assurance que du coup ce serait une implication nécessaire ; d'ailleurs les personnes végétaliennes ne seraient en moyenne pas particulièrement consommatrices d'animalo-simili-aliments, du moins d'après l'article web "Pourquoi développer des alternatives cherchant à imiter la viande ou d'autres produits d'origine animale ?" de Pagure Mecha / Tom-Bry Chevalier, qui dit que98 % des acheteurs d'alternatives à la viande achètent également de la viande d'origine animale
en s'appuyant sur un article du 25 juillet 2019 nommé "The F word: Flexitarian is not a curse to the meat industry" et par NielsenIQ, et de plus avec la remarque pertinente que le marché des végétaliens est pour le moment bien petit comparativement à celui des omnivoristes et qu'en conséquence il parait plus judicieux de viser avant tout le plus grand segment de marché]. - À la fin de la page 335, il est question du gâchis alimentaire et sont listés des raisons présumées. On remarquera que n'est pas mentionnée la consommation colossale d'aliments zoonimaux. Pourtant ce sont en général des produits fragiles, donc plus susceptibles généralement que les végétaux d'arriver au-delà de leur date de consommabilité pour l'humain. De plus, cette fragilité courante conduit souvent à des emballages non-réutilisables et de la réfrigération, qui ne sont écologiquement pas souhaitables. On peut encore ajouter qu'en favorisation la réfrigération, ça favorise plus généralement les produits fragiles, comme les plats préparés à foutre au micro-onde, ainsi qu'entre autres les glaces et sorbets. En effet, une fois la réfrigération tristement adoptée, pourquoi ne pas l'utiliser à gogo ? Si on pense que la décroissance matérielle est souhaitable, remettre en cause la réfrigération des aliments devrait être un sujet, à fortiori si on pense (à raison) que les technologies ne sont pas neutres (et c'est le cas d'Hélène Tordjman, qui à ce propos cite Jacques Ellul).
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Aucune mesure n'est prévue [par la Politique Agricole Commune de l'Union Européenne capitaliste] pour […], le bien-être animal, […]
(p. 337) -
Les agriculteurs et éleveurs productivistes, qui [… et] traitent mal les animaux, devraient être exclus de ces subventions.
(p. 338)