Anne Stambach-Terrenoir, fan de l'ovosexage
Présentation d'Anne Stambach-Terrenoir
Anne Stambach-Terrenoir est une femme blanche née en 1980. Pendant environ 15 ans, elle aurait été professeuse de piano. Mais les choses allaient bientôt changer…
En 2011, elle aurait rejoint le Parti de Gauche (PG). Elle a ensuite rejoint son successeur : La France dit Insoumise (LFI). Ce sont 2 formations politiciennes. Jean-Luc Mélenchon a contribué à les initier et en a été le meneur.
En 2017, elle se présente aux législatives
dans la seconde circonscription de Haute-Garonne
(dont la ville principale est Toulouse),
mais perd au second tour contre
Jean-Luc Lagleize
du parti de droite à prétention apolitique
La République En Marche (LREM)
d'Emmanuel Macron.
Par la suite, elle est devenue
assistante parlementaire de l'eurodéputé
Manuel Bompard.
En 2022, elle se représente aux législatives
sous bannière NUPES
(Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale),
un fatras regroupant un parti de gauche
(dont elle fait parti)
et des partis de droite
qui se réclament erronément de gauche
(Parti anti-Communiste Français Franchouillard,
Europe capitaliste pseudo-Écologique Les anti-Verts,
Parti ostensiblement anti-Socialiste,
Génération Écologie idéelle
de Delphine Batho),
et est élue de peu (52%) au second tour
avec une méga-abstention
(48%, pour 54% dans le pays).
Elle a coordonné le groupe de travail de La France Insoumise sur la version 2022 du livret sur la condition animale. Celui-ci a une ligne très clairement bien-êtriste (aussi dit, par anglicisme, welfariste). On peut envisager qu'Anne Stambach-Terrenoir soit végétarienne, végétalienne ou végane. Mais il n'y a à priori aucun élément net sur le sujet.
Positionnement pour l'ovosexage
Le 13 décembre 2022,
sur l'ordinato-plateforme privatrice et centralisée
Twitter
(récemment acheté par Elon Musk),
elle se plaint :
BROYAGE DES POUSSINS MÂLES VIVANTS :
LEUR CALVAIRE CONTINUE.
Comment, Monsieur le Ministre de l'agriculture
Marc Fesneau,
faire confiance à un gouvernement
qui revient sur ses engagements ?
Qui cède à la pression de l'industrie agroalimentaire
aux dépens des animaux ?
Ce message textuel est accompagné d'une vidéo
qui est son intervention de députée
à l'Assemblée Nationale
de la république bourgeoise de France.
Discours à l'Assemblée Nationale
Il était une fois une petite poule rousse qui avait 3 poussins. Nous avons tous en tête des images issues de nos livres d'enfant : la maman poule attentive avec ses petits poussins adorables, petites boules de duvet jaune qui sautillent en grappe autour d'elle. Mais la réalité de l'industrie des poules pondeuses est tout autre.
Les poussins naissent dans des couvoirs, alignés sur des grilles de fer, et à peine sortis l'œuf, au lieu de la chaleur des plumes de leur mère, c'est un tapis roulant froid qui les accueille… Puis on les trie. Et s'ils ont le malheur d'être nés mâles, ils s'avèrent inutiles au système. Alors ? Alors on les broie vivants ou on les gaze. Voila le triste sort de 50 millions de poussins par an dans notre pays, mais aussi de 10 millions de canetons femelles, car ce sont les mâles qu'on utilise pour la production de foie gras. Des petits êtres vivants, sensibles, sans défense, qu'on fait naître pour les traiter comme des déchets inertes, au mépris de leurs souffrances.
Devant l'émoi légitime des français,
le ministre [Julien] Denormandie avait promis
[et sachant qu'il était, du 6 juillet 2020 au 20 mai 2022,
ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation
de la république bourgeoise de France] :
l'année 2022 signerait, je cite,
la fin du broyage et du gazage des poussins mâles
.
Cocorico ! C'est le cas de le dire,
nous serions même le premier pays, avec l'Allemagne,
à prendre ces mesures.
Or, nous voila déjà fin 2022.
Et alors que l'Allemagne a tenu promesse,
en France, nous découvrons que
l'arrêté du 7 décembre dernier [fait le 7 novembre],
fait une exception
pour les poussins issus de poules blanches.
8,5 millions de poussins, au bas mot,
seront ainsi toujours tués chaque année.
Est-ce que ces poussins-là
souffriraient moins que les autres ?
Le décret du 5 février [n° 2022-137]
inscrit une dérogation
pour les poussins destinés à la consommation animale,
dont le débouché potentiel est sans limite.
Autant de millions de cadavres d'oisillons
qui séparent vos actions de vos promesses.
Vous avez donc menti aux français, car nous pourrions, comme l'Allemagne, généraliser l'ovosexage. Et j'ajoute que les canetons femelles ne sont pas pas considérées par la loi et continueront donc d'être broyées ou gazées. Comment, monsieur le ministre de l'Agriculture [en l'occurrence Marc Fesneau, successeur de Julien Denormandie], faire confiance à un gouvernement qui revient sur ses engagements ? qui cède à la pression de l'industrie agroalimentaire au dépens de la souffrance animale ?
Critique de la promotion de l'ovosexage
L'ovosexage (c'est-à-dire le tri en fonction du sexe réalisé sur l'œuf [ovo] à contrario de celui fait sur le poussin [in vivo]) aurait effectivement permis de ne plus tuer les poussins mâles pour les races spécialisées dans la ponte d'œufs et, d'après ses dires, des poussins femelles pour le foie gras. Ça aurait été ça de moins, il faut le reconnaitre.
Mais, même avec ça (l'ovosexage et sa conséquence), le calvaire des poules pondeuses aurait continué. Elles auraient toujours été exploitées de la naissance à la mort. Et la mort est administrée, elle n'est pas naturelle. En effet, quand la poule ne satisfait plus la productivité en terme d'œufs jugée convenable pour l'humain, elle est tuée et son cadavre est vendue (à part dans de très rares exceptions paysannes, qui n'enlèvent cependant rien à l'exploitation).
La solution au calvaire des animaux non-humains que l'humain exploite et/ou tue n'est pas une réforme ici ou là, mais l'abolition de la consommation des productions zoonimales et légalement l'abolition de la possibilité d'être propriétaire d'un animal non-humain. Sans ça, le calvaire va continuer, alors qu'il peut en être autrement.
De plus, les réformes bien-êtristes peuvent avoir pour risque de rendre les gens plus à l'aise avec l'exploitation et sont fort susceptibles de laisser penser que le problème est le traitement et non l'usage. Les ressources utilisées pour les campagnes zoowelfaristes (c'est-à-dire les campagnes ayant vocation au bien-être des animaux non-humains) pourraient être utilisées pour promouvoir l'abolition de l'exploitation et du meurtre des animaux non-humains (ou zoonimaux), à part en cas de légitime défense bien sûr (mais ce sont des cas d'une rareté extrême).
Le problème ne se situe pas spécifiquement dans le gouvernement macronien ou dans l'industrie agroalimentaire, mais dans le statut potentiel de propriété des animaux non-humains et qui est tristement loin d'être juste une potentialité. Contre le récit du petit groupe de méchant·e·s, il faut bien constater que le problème se situe aussi dans l'ensemble des gens non-véganistes. En effet, ils soutiennent de fait l'exploitation et le meurtre des animaux non-humains, c'est-à-dire un calvaire pour eux et qui est pourtant dispensable (à condition individuellement de se complémenter en vitamine B12).
On devrait collectivement lutter contre et avoir pour objectif d'ériger une société végane. Or, on a eu là la promotion d'une réforme au sein de l'exploitation. Or ce type de réforme peut laisser à penser que le problème ne serait pas l'usage des animaux non-humains, mais seulement certains traitements particuliers. Cela peut donc rendre plus à l'aise vis-à-vis de l'exploitation et du meurtre des animaux non-humains et donc potentiellement accroitre la consommation de produits qui en est issue. Il faudrait pourtant que ça décroisse, puis que ce soit socialement aboli quand il y aura la force pour.
Si cette réforme bien-êtriste avait
au moins un coût significatif et durable,
cela aurait contribué à une décroissance
de la consommation d'œufs,
même si ça n'aurait pas attaqué
l'idée de l'exploitation
et de la mise à mort
des poules et de tous les autres animaux non-humains.
Mais le coût s'avère minime :
il est en effet estimé à
un minimum de 3 centimes d'euro
pour une boîte de 6 œufs
(selon un article de Filières Avicoles,
un magazine des éleveur·euse·s de volailles
aux éditions du Boisbaudry,
daté du 26 juillet 2021 :
"Ovosexage obligatoire : des répercussions sur le coût de l'œuf")
ou
de 0,4 à 1,2 centime par œuf,
soit 6 centimes pour une boîte de 6 œufs
(selon Nicolas Quilleré,
dans le cadre d'un article du 13 septembre 2021
par Isabelle Lejas
pour La France Agricole),
soit à priori au grand maximum de 3 centimes par œuf
si on estimait que les estimations citées seraient basses.
La consommation d'œufs ne va donc pas décroitre avec l'ovosexage, donc pas non plus les sévices infligés aux poules de la naissance à la mort. Avec l'ovosexage, des bébés ne seront donc effectivement pas tués, mais l'exploitation aura de fait été cautionnée et des ressources auront été employées pour ça au nom de la catégorie d'exploité·e·s. Pour ce qui est de la filière avicole, elle reportera le très léger surcoût de l'ovosexage sur les consommateur·rice·s et exploiteur·euse·s. Et surtout, ça lui fait un bel élément de communication pour rendre les gens plus à l'aise avec l'exploitation des poules, afin que ça ne cesse pas et donc que le cauchemar continue.
Pourtant les œufs, le lait zoonimal et le miel, ainsi que la chair et plus généralement le cadavre, rien de tout ça n'est nécessaire à l'humain pour vivre en bonne santé (à condition de se complémenter impérativement en vitamine B12). Il va sans dire que la fourrure et le cuir, les plumes, la laine, la soie, les zoos et delphinariums, la corrida, l'équitation et bien d'autres choses encore, ne sont aucunement nécessaires, mais que ça relève de l'exploitation d'animaux non-humains. Pourquoi donc dépenser des ressources pour tenter d'obtenir des réformes qui peuvent avoir un puissant effet contre-productif, alors qu'on pourrait employer ces mêmes ressources pour promouvoir la non-exploitation et dans tous les aspects de la vie (alimentation, habillement, loisir, etc.), c'est-à-dire en l'occurrence le véganisme ?
Et, bien que nous nous soyons là focalisé sur Anne Stambach-Terrenoir, il ne faudrait pas croire qu'elle est seule. Par exemple, L214, une association de type néo-welfariste dans la catégorisation du théoricien Gary Francione, fait campagne (avec pétition, vidéo par Brigitte Gothière qui a cofondé cette association avec Sébastien Arsac, etc.). Que de ressources utilisées pour tenter de faire assez pression sur un gouvernement bien connu comme étant corps et âme au bon service du Capital, tout en inclinant à penser que l'exploitation n'est pas le problème mais que c'est seulement certains traitements spécifiques, donc qu'il faudrait une exploitation "humaine" ou "compassionnelle" (comme ne cesse d'ailleurs de le dire la filière) et non en finir, c'est-à-dire passer individuellement et collectivement au véganisme.
En rapport avec le sujet
- Le véganisme sans les droits des animaux (Gary Francione et Anna Charlton, vegan.fr, 2015)
- Petit traité de véganisme (Gary Francione et Anna Charlton, éditions L'Âge d'Homme, 2015)
- Pourquoi le véganisme doit être la base (Gary Francione, blog, 2011)
- Introduction aux droits des animaux (Gary Francione, éditions L'Âge d'Homme, 2015)
- Les quatre problèmes du mouvement en faveur du bien-être animal : en résumé (Gary Francione, blog, 2007)
-
www.vivelab12.fr
(site web dédié à cette précieuse vitamine à ne surtout pas négligier) -
jemangevegetal.fr
(site web synthétique et sérieux sur la nutrition végétalienne) -
questionsanimalistes.com
(site web de Florence Dellerie avec de nombreuses fiches) -
HowDoIGoVegan.com
(site web en anglais pour aider à devenir végan·e)